Que raconte le film ?

Les humains tentent de survivre quand des monstres titanesques débarquent sur Terre. Bientôt, une lutte de pouvoir s'instaure entre les différentes créatures. Godzilla affronte Mothra, un papillon géant, Rodan, un ptérosaure mutant, et le redoutable et effrayant King Ghidorah, un dragon à trois têtes, avec des ailes de chauve-souris et deux queues. Les docteurs Emma Russell, Ishiro Serizawa, Chen, Stanton et Vivienne Graham vont tout tenter pour mettre ces créatures hors d'état de nuire...

Ce nouveau Godzilla made in USA est l’oeuvre du réalisateur Michael Dougherty connu pour le sympathique Krampus qui avait réussi à retrouver le ton et l’inventivité des films d’horreur familiaux des années 80 comme Les Gremlins ou Jeux d’Enfants. L’homme est également célèbre à Hollywood pour son travail de scénariste sur les films de super héros X-Men 2 et le franchement raté Superman Returns, tous deux réalisés par Bryan Singer.

Son Godzilla est la suite du film homonyme de Gareth Edwards de 2014 et précède la sortie d’un Godzilla vs Kong en 2020. Ses films font partie de l'univers cinématographique MonsterVerse avec le Kong: Skull Island de 2017. À l’instar d’Universal avec son Dark Universe, ce Godzilla montre qu’un studio historique comme la Warner n’a plus qu’une seule idée en tête :  imiter Walt Disney en réalisant des films pensés comme des épisodes de série télé afin de vendre le plus de produits dérivés.

Si vous êtes fans de kaijū Eiga (les films de monstres japonais), ce Godzilla 2 ne vous réconciliera pas avec les tentatives américaines d’adapter le mythique monstre de la Toho en raison d’un scénario inexistant. Je vous inviterai donc à vous tourner vers le Japon qui nous a offert un magnifique Shin Godzilla signé Hideaki Anno (le papa d’Evangelion)’et Shinji Higuchi et qui a été présenté en 2017 au PIFFF.  Néanmoins malgré un script défaillant, Godzilla II - Roi des Monstres est quand même plus réussi que la version américaine des années 90 de Roland Emmerich avec Jean Reno et s’avère plus généreux en matière d’effets spéciaux que le premier film de Gareth Edwards.

Godzilla 2 n’est pas désagréable à regarder grâce à sa mise en scène enlevée qui nous offre des images impressionnantes de destructions massives. La gestion des échelles entre les gigantesques titans et les humains est formidablement rendue et les scènes d’actions sont réellement dantesques grâce à un casting de monstres jouissif où l’on retrouve l’hydre Ghidorah, le ptéranodon Rodan et surtout ma préférée la mite géante Mothra. Malheureusement cette orgie visuelle se fait trop souvent au détriment d’une véritable écriture scénaristique. Le terme orgie est adéquat pour un film qui n’est pas loin de ressembler à un long-métrage pornographique tant le réalisateur est obsédé par le seul plaisir du spectateur en lui offrant des séquences qui satisferont ses sens au détriment d’une histoire ou d’un semblant de narration. Absence de caractérisation des personnages qui sont tous stéréotypés, dialogues dignes d’un sitcom AB, jeu désincarné des acteurs, méchant risible, réactions des protagonistes qui n’obéissent à aucune logique (le sacrifice de certains personnages est incompréhensible), le constat est accablant surtout que le film se prend très au sérieux alors qu’il ne raconte pas grand-chose. En effet, à l’exception de ses scènes de catch entre les créatures géantes, Godzilla II - Roi des Monstres c’est le degré 0 du cinéma avec des scènes d’exposition dignes des intermèdes dialogués entre deux scènes X d’un film pour adultes.

Le film témoigne d’une certaine dérive du cinéma américain obsédé par ses effets pyrotechniques et qui ne sait plus raconter des histoires. Ce Godzilla est le film du plaisir fugace, vite consommé et tout aussi vite oublié.

Mad Will