Le film en VOD : LIEN

Elton John est un monument de la pop culture depuis 50 ans avec des chansons comme Tiny Dancer qui sont capables de vous faire pleurer à chaudes larmes dès que les premières notes au piano résonnent. C’est un génie musical aux lignes mélodiques riches qui n’a pas eu peur de parler de sa sexualité à une époque où il fallait taire ses amours. Elton John, c’est tout simplement une discographie d’une richesse incroyable.

Dexter Fletcher nous propose de revenir avec son Rocketman sur le parcours de ce chanteur et musicien d’exception. Le réalisateur anglais n’est pas à son coup d’essai dans le biopic rock, puisqu’il qu’il avait déjà tourné environ un tiers de la biographie sur Queen, après que Bryan Singer fut évincé du tournage. Il est évident que le parcours fait de gloire, mais aussi d’addictions, d'Elton John a parlé à ce réalisateur qui a connu le succès très tôt au cinéma comme acteur, apparaissant adolescent dans des productions prestigieuses telles que Elephant Man (1980), Le Bounty (1984), et devenant une star de la télévision anglaise avec la série Press gang. Faillite, drogues, tournages de plus en plus rares, il devra son retour sur les écrans grâce à Guy Ritchie et son film Arnaques, Crimes et Botanique. Dans les années 2000, il se tourne alors vers la réalisation et met en scène Wild Bill puis Sunshine on Leith présenté au Festival du film britannique de Dinard 2014. Son troisième Eddie the Eagle est déjà un biopic sportif sur une personnalité atypique du sport anglais.

Concernant Rocketman, le film est coproduit par Elton John et écrit par le scénariste de Billy Eliott que le chanteur connaît bien pour avoir produit une comédie musicale à succès adaptée des aventures du jeune danseur anglais. Il est amusant de noter que le rôle du parolier Bernie Taupin dans Rocketman est joué par Jamie Bell, le gamin de Billy Eliott . Le cinéma anglais étant définitivement une petite famille, nous retrouvons également sur le film Matthew Vaughn producteur d’Arnaques, Crimes et Botanique et réalisateur des Kingsman où apparaissaient Elton John et le futur interprète du chanteur : Taron Egerton.

Soyons francs, si vous n’aimez pas les biopics, le film ne vous réconciliera pas avec le genre. En effet, il n’est jamais aisé de réussir à rendre en deux heures toute la richesse d’une vie humaine. À l’instar de Bohemian Rhapsody , Rocketman a tendance à ne pas respecter la chronologie en s’arrangeant avec la vérité afin de construire son récit. Ainsi, nous avons ici encore le droit au personnage du méchant agent, afin de créer un antagoniste au héros, alors qu’il est évident que les problèmes d’entourage du chanteur anglais ne se limitaient pas à une seule personne.

Rocketman est beaucoup plus travaillé dans sa forme que le biopic de Queen finalisé par Dexter Fletcher. Le récit n'est en effet pas un simple copié collé de la biographie d'Elton John, grâce à de nombreux numéros musicaux dignes de Broadway. Dans ces séquences chantées par les acteurs du film, les paroles des titres cultes d'Elton prennent tout leur sens et permettent d'approfondir notre connaissance de la psyché du compositeur d'I'm Still Standing. À ce titre, si vous n’êtes pas un grand anglophone comme l’auteur de ses lignes, le film est une révélation tant les paroles de Bernie Taupin pour Elton sont d’une grande richesse littéraire. La bande originale du film est un bonheur de tous les instants, il est totalement impossible de résister à tant de tubes intemporels. Côté casting, c’est impeccable avec une mention spéciale pour Taron Egerton dans le rôle d'Elton.

Porté pas un Cinémascope de toute beauté, une photographie colorée et une mise en scène soignée, Rocketman est avant tout un joli conte sur un enfant malheureux qui a décidé de renaître tel le phénix, dans un monde qui ne voulait pas forcement de lui. Ne vous attendez pas un long-métrage trash à la The Dirt , Rocketman est surtout un grand film populaire qui donne envie de danser, de chanter, et de vivre sa vie, sans devoir obéir au regard des autres.

Mad Will