Pour aller soigner une femme isolée, Camille (Agathe Bonitzer), novice dans une mission catholique cambodgienne, a le choix entre deux chemins. En dépit des recommandations de sa Mère supérieure (Agnès Sénémaud), elle emprunte celui qui traverse les ruines d’Angkor, où périrent jadis nombre de victimes des Khmers rouges. Chaque jour, elle y croise Sambath (Randal Douc), Cambodgien ayant longtemps vécu en France, avec lequel elle tisse peu à peu une relation.

   Tout l’art de Jeanne Labrune est celui de l’évocation. En filmant longuement, amoureusement, les paysages chargés d’Histoire dans lesquels évoluent les personnages, elle nous laisse non seulement en admirer les ombres et les lumières mises en valeur par sa gracieuse photographie, mais aussi en prolonger les contours dans notre cinéma intérieur. En s’attardant sur des motifs porteurs de symboles universels, elle évoque les spiritualités de deux êtres de cultures différentes qu’elle fait se rencontrer tout en leur offrant une possibilité de résonnance avec la nôtre. Inspirée par la poésie symboliste, la réalisatrice met ainsi en scène sur le chemin qui serpente à travers les ruines du temple d’Angkor un opéra de la mémoire où « les couleurs, les parfums et les sons se répondent ». Les silences y comptent autant que les paroles, les absents que les présents, le rêvé que le concrétisé. Résolument contemplatif, gorgé de l’atmosphère mystique des paysages cambodgiens, Le chemin est une invitation à voir au-delà, ce qui enchantera les âmes.