Patrick Schulmann est un cinéaste inclassable du cinéma français qui fut malheureusement trop longtemps considéré comme un Claude Zidi de seconde zone, alors que sa filmographie mérite bien plus de reconnaissance. Il fut en effet l’un des premiers réalisateurs français à adopter un humour absurde anglo-saxon à la Monty Python qu’il agrémentait d’une bonne dose de politiquement incorrect. Au final, ces comédies nous offrent une vision amère de la société. On se souvient à ce titre de la scène de l’émasculation qui conclut Et la tendresse ? Bordel !

Cinéaste de l’échec, il montre dans P.R.O.F.S. l’impossibilité pour une bande de jeunes enseignants libertaires de changer le système.Trop immatures et souvent égoïstes, ils feront face à une institution qui broie tout autant les élèves que les fonctionnaires qui la servent. Cinéaste libertaire à tendance anarchique, celui qui a perdu son père à 3 ans et qui fut élevé par deux rescapées des camps de la mort, croit en l’homme... mais pas forcement aux doctrines portées par un collectif. L’utopie est impossible pour lui. Alors, il faut mieux en rire. Même si dans le cas de P.R.O.F.S., l'histoire se conclut à La Verrière, établissement psychiatrique réservé aux professeurs dépressifs.

Le film regorge de gags hilarants, je pense particulièrement à ce cours de géographie où le vieux prof communiste vante la douceur des formes de l’Union soviétique par rapport aux côtes trop découpées des USA. On se souvient également de la machine à la Gaston Lagaffe, inventée par le bibliothécaire, pour ne plus avoir à se déplacer. Cinéaste fourmillant d’idées et grand intellectuel, Schulmann était capable de vous filmer un nichon et de vous citer Jean Vigo dans le même plan. 

P.R.O.F.S. est une comédie d’une intelligence rare qui réfléchit sur l’utilité d’une école pas forcement adaptée aux élèves. Un système scolaire aux mains d'un État qui préfère faire obéir toute une génération au lieu de lui apprendre à réfléchir. Un très grand film à réhabiliter d’urgence !

Mad Will