Cœurs purs, premier film du réalisateur italien Roberto de Paolis et sélectionné à la quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes, est un film qui traite de deux sujets. D’une part l’exposition d’un discours que l’on entend malheureusement partout en Europe sur les « réfugiés assistés ». Les pauvres « locaux » se sentent spoliés des éventuelles aides auxquelles ils auraient pu prétendre et ont l’impression d’être moins bien traités que les nouveaux arrivants. Le second sujet, traité en parallèle, est plus approfondi. Agnese une jeune fille de 18 ans « pure » selon les critères de sa mère et du prêtre de la paroisse, assez drôle au demeurant quand il compare Dieu au GPS qui vous remet sur la bonne route où que vous soyez, (reste à définir quelle est la bonne route !), est fortement incitée par sa mère à adhérer à un mouvement « pas de sexe avant le mariage ». Agnese est prise entre l’envie de plaire à sa mère, la crainte de déplaire à son Dieu et les élans de son cœur. Tout cela est forcément incompatible. Et face à une mère possessive et à un discours culpabilisant, c’est une mauvaise solution que choisira la jeune fille. Elle ne peut mettre en accord aucune des conceptions du monde que son entourage lui offre (mère, prêtre et ami) avec son expérience personnelle et malgré les bonnes intentions de cet entourage qui agit apparemment avec douceur, tendresse et compassion, on voit les violences et les souffrances psychologiques qu’Agnese subit ou pire encore qu’elle s’inflige à elle-même.

L’art du film est de croiser les destins des deux jeunes, Agnese (Selene Caramazza) et Stephano (Simone Liberati) qui vit entre larcins et petits boulots. Même si leur rencontre de départ semble un peu forcée, le fond reste plausible et le scénario permet au caractère de la jeune fille de se révéler, porté par le jeu lumineux de l’actrice.

Un film à voir en particulier pour l’interprétation de Selene Caramazza, dont c’est le premier rôle dans un long métrage au cinéma.

L.S.