Sédentarisée au sud de l’Italie, dans un baraquement de Gioia Tauro, dans le quartier où s’est réunie la communauté rom, la famille Amato vit de trafics. Lorsque le fils aîné, qui pourvoyait aux besoins de tous, est arrêté, son jeune frère Pio doit prendre la relève des opérations. Alors qu’il naviguait encore entre les activités des enfants et celles des adultes, entre la compagnie de sa communauté et celle des migrants africains avec qui il avait lié amitié, il va devoir choisir un camp.

   A ciambra impressionne d’emblée par son énergie et sa puissance immersive. En filmant Pio et sa famille dans leurs propres rôles, Jonas Carpignano donne en effet à son film de troublants accents de cinéma direct. Ne lâchant pas d’une semelle le gamin charismatique fortifié au sirop de la rue auquel les spectateurs de son précédent long-métrage, Mediterranea, s’étaient déjà attachés, il nous fait découvrir la réalité de son quotidien, partagé entre combines, descentes de police et repas familiaux tumultueux. A partir de cette toile de fond ultraréaliste, Jonas Carpignano imagine pour son héros une suite de péripéties débouchant sur une difficile épreuve morale qui tient lieu de rite de passage vers le monde adulte. Evoquant à l’échelle de l’adolescent mais aussi à celle de sa communauté le monde d’hier et le monde de demain, le réalisateur met en scène d’un côté la nostalgie du grand-père de Pio pour le nomadisme révolu, et de l’autre l’espoir d’un trait d’union avec les autres communautés ayant élu domicile en Calabre.

F.L.