Cinq femmes, Deborah Feldman, Leyla Hussein, Rokudenashiko, Doris Wagner et Vithika Yadav,  de religions et de nationalités diverses témoignent de leur expérience. Le film s’attache à montrer que la domination masculine et son corolaire, la non prise en compte du plaisir féminin, est un problème global et universel. Nous vivons dans une société où le patriarcat est mondialisé. Que ce soit les viols répétés par un prêtre d’une religieuse catholique allemande et leur mise sous silence par la hiérarchie catholique au plus haut niveau, l’agression sexuelle par excision des petites filles somaliennes sous prétexte de « culture ancestrale », le tabou qui entoure la représentation du sexe féminin au Japon, le mariage arrangé chez les juifs hassidiques intégristes de New-York, ou les violences faites aux femmes en Inde, le film dresse un panorama qui, sans être exhaustif, il faudrait malheureusement plus d’un film pour cela, reste suffisamment varié pour que le spectateur comprenne l’universalité des crimes contre les femmes. Le film montre que cette misogynie est autant sociétale que religieuse. Sans qu’il soit fait dénonciation frontale et argumentée, les constantes références à des textes extraits de la bible, de la torah, du coran, du Mahabharata, sont bien la preuve du lavage de cerveau infligé à leurs adaptes (hommes ou femmes) quant à la soi-disant place « naturelle » de la femme, c’est à dire inférieure et au service de l’homme.

Deux lueurs d’espoir dans ce film, quand lors d’une rencontre avec des villageoises kenyanes, toutes affirment ne pas vouloir que leurs filles soient excisées comme elle l’ont été, et quand des hommes s’investissent aussi dans cette lutte pour le droit des femmes à disposer de leur corps pour (entre autre) leur plaisir.

Au moment où les droits des femmes sont remis en cause dans des pays qui se veulent pourtant « éclairés et développés », un tel film est important car chaque petit pas vers l’émancipation des femmes et la prise de conscience que la moitié de l’humanité n’a pas les mêmes droits que l’autre ne peut qu’améliorer l’équilibre de la planète.

On pourrait regretter que le sujet, du fait de la multiplicité des témoignages, ne soit finalement qu’effleuré, mais le parti pris de la réalisatrice Barbara Miller de montrer l’universalité du sujet l’y obligeait et la mise en voisinage de ces femmes si éloignées culturellement et géographiquement donne alors profondeur et puissance certaines à leurs témoignages.

Un film essentiel.

L.S.