Film extrêmement émouvant, Makala (Charbon en swahili) est un documentaire qui suit le parcours d’un habitant du Congo entre le moment où il abat un arbre et celui où il termine la vente des sacs de charbon de bois qu’il a fabriqué à partir de cet arbre.

Au sortir du film d’Emmanuel Gras, on retient le contraste saisissant entre la première partie où Kabwita est dans la nature ou dans son village entouré de sa famille, et celui où, quittant celle-ci pour vendre le produit de son travail, il parcourt la route jusqu’à la ville de Kolwezi distante de plus de 50 km, poussant un vieux vélo chargé d’une vingtaine de sacs de charbon de bois le tout représentant au moins un stère. On comprend que dans ces conditions, le trajet soit épuisant et périlleux. Le contraste est signifiant à plusieurs niveaux. La quiétude familiale versus le danger, le jour versus la nuit car la proportion de scènes de jour et de nuit sont inversées entre la campagne et la ville. La confiance, le rêve, versus la méfiance et les désillusions. Cependant le film ne se résume pas à ces oppositions binaires. Sa principale qualité c’est la capacité du réalisateur à créer une totale empathie avec celui qu’il filme. On souffre avec Kabwita poussant son vélo, on ruisselle de chaleur sous le soleil équatorial. Et surtout on se sent triste devant les aléas de la route (accident, racket…). Pourtant point de pathos dans Makala car ce qui est filmé c’est l’homme énergique, celui qui veut vivre, qui garde espoir contre vents et marées et qui veut apporter plus de confort pour les siens.

Un film véritablement émouvant.

Laurent Schérer