En 1995, à l’âge de 25 ans, le réalisateur iranien Ali Soozandeh quitte son pays pour l’Allemagne. En exil, il ne pouvait réaliser ses films sur son ancienne patrie en prises de vue réelle. A l’instar d’une Marjane Satrapi, il a alors choisi l’animation qui lui permettait de mieux traduire la réalité iranienne.

Pour ce faire, il a utilisé la technique de la rostocopie chère à Ralph Bakshi, le papa de Fritz the cat et Wizards, qui consiste à redessiner des personnages préalablement filmés sur fond vert, et auxquels on ajoute les décors dessinés. La force de cette technique est d’offrir une animation souple, très vivante donnant plus de véracité aux images.

Dans Téhéran Tabou, Ali Soozandeh dénonce l’hypocrisie de la société iranienne qui condamne ses membres à agir dans la clandestinité risquant à tout moment d’être réprimés par le pouvoir en place. En Iran, chacun affiche une moralité sans faille de façade alors que dans les maisons circulent drogue, alcool, et prostituées. Dans cet état policier, les femmes et les artistes sont les premières victimes de cette hypocrisie.

Difficile donc de s’émanciper dans cette société où il faut sans cesse contourner les interdits. La répression menant à des situations absurdes où le risque est permanent. Surtout que l’opprobre rejaillit non seulement sur le « coupable qui s’être fait prendre » mais aussi sur sa famille entière.

Un film très noir, indispensable pour comprendre l’Iran d’aujourd’hui.

Laurent Schérer