Le documentaire d’Ariane Doublet Green boys narre la rencontre de deux adolescents, Louka, un jeune garçon normand de 13 ans et Alhassane, un jeune migrant guinéen de 17 ans, fraichement arrivé en France, accueilli dans le village où habite Louka.

Louka et Alhassane jouent ensemble et partagent leurs passions. Ils jouent au football, grimpent dans les arbres, goûtent à la nature, construisent des cabanes, pêchent, caressent les vaches, font des projets d’avenir et finissent par discuter philosophie. Ils croisent également des promeneurs et entament avec eux un brin de causette. Ils vivent tout simplement une vie normale, à l’opposé de ce qu’Alhassane a vécu pendant les deux années qu’a duré son trajet entre la Guinée et la France, et que l’on découvre par bribes.

Le film est étonnant de fraîcheur et d’authenticité. En effet ces deux adolescents ont bien voulu livrer à la caméra une part de leur jardin secret, pour Louka, ses jeux et ses réflexions intérieures tandis qu’Alhassane nous révèle son parcours difficile avant son arrivée en Normandie.

Green boys est un film reposant, une parenthèse entre les contraintes administratives et les violences subies par les migrants, et dans lequel on goûte la quiétude de la campagne normande. En cela il est fondamentalement différent d’autres films sur le sujet de la migration (Fuocoammare, par-delà Lampedusa; L’héroïque lande; L’ordre des choses; Paroles de bandits) qui mettent cette violence en évidence. Pourtant ce film permet aussi de se poser des questions sur le sort que nous faisons subir à tous ceux qui n’aspirent qu’à une vie tranquille et paisible.

En conclusion je rapporterai simplement deux phrases extraites de l’avis de la cinéaste Claire Simon présidente du Jury à la sélection Cinéma du Réel 2109 pour laquelle Green boy a reçu une mention spéciale : « Green Boys nous montre dans l’écrin d’une campagne normande, tel un jardin d’Éden, l’amitié́ de deux jeunes gens dont les dialogues sont éblouissants. Nous voulons saluer l’élégance de ce film et de ses deux protagonistes qui nous montrent la voie du futur, du seul qu’on peut vouloir atteindre, celui de l’aventure de la rencontre. »

Laurent Schérer