Andrej (Matej Zemljic) est un jeune homme visiblement en manque d’affection qui accumule des « bêtises » de plus en plus grosses pour susciter l’intérêt de ses parents. Mais ceux-ci (d’une façon parfois un peu caricaturale) ne le comprennent pas et décident d’envoyer leur progéniture en centre d’éducation. Mauvaise idée, le remède étant pire que le mal, puisque non seulement Andrej tombe sur Zelko (Timon Sturbej), plus dur que lui, et qu’il s’empresse de l’imiter en devenant son homme de main, mais surtout ce lieu ne fournit pas l’affection et l’attention dont Andrej a besoin. Maltraité, manipulé, les choses vont aller de mal en pis pour lui.

Le film nous décrit des personnages pour lesquels on n’aurait pas forcément d’empathie : des jeunes, alcooliques, drogués, violents, délinquants, irrespectueux envers les autres et envers eux-mêmes ; des adultes, parents ou éducateurs, démissionnaires, ou excluant, au mieux très maladroits. Et pourtant le cinéaste Darko Stante réussi à donner de l’intérêt au film par un traitement réussi des émotions. Car au-delà de l’absence de cadre éducatif, c’est bien le manque de repères affectifs qui est ici pointé.

Il ne s’agit pas pour le spectateur de prendre en pitié le délinquant, on est à cent lieues du mélo larmoyant, mais de lui porter attention, ce regard attentionné dont le personnage a vraiment besoin.

Le réalisateur réussit donc à nous montrer que l’empathie ne rime pas avec pitié ou approbation mais avec écoute et respect de la personne humaine.

Bref, dans son premier film, le réalisateur slovène arrive à communiquer une grande émotion et à donner du sens à ses images.

Un auteur à suivre, donc.

L.S.