Companeros d’Álvaro Brechner est un film terrible sur un pays peu connu : l’Uruguay. On évoque souvent les dictatures de Videla en Argentine ou de Pinochet au Chili en oubliant trop souvent que l’Uruguay. subissait aussi une dictature militaire dans les années 1970.

Le film retrace le calvaire de trois militants emprisonnés et gardés en vie pour servir d’otages : José Mujica, qui deviendra par la suite président du pays (Antonio de la Torre), Mauricio Rosencof (Chino Darín), et Eleuterio Fernández Huidobro (Alfonso Tort).  On n’en saura pas plus sur la stratégie des militaires à l’encontre de ces prisonniers politiques, car le propos du film n’est pas de s’appesantir sur la recherche des causes mais bien de montrer le courage et la force de résistance de ces hommes qui, pendant 12 ans, vont être tenus au secret, transférés régulièrement de prisons en cachots, battus, humiliés, torturés, privés de tout. Pourtant malgré cela, ces hommes vont tenir, grâce à leurs souvenirs, leurs espoirs, et la force de leurs convictions.

Le réalisateur nous fait vivre les conditions de vie de ces prisonniers par une totale immersion.   Point de vue permanent des prisonniers, plans subjectifs de la caméra, incompréhension quant aux raisons de l’emprisonnement, absence totale d’explications sur les changements de lieu de détention, mauvais traitements subis,  etc. Tout est fait pour faire partager au spectateur les sentiments d’oppression et d’accablement consécutif à cette détention.

Pourtant ce film très noir porte un espoir. Celui qui nait à la libération des prisonniers, toujours suivis par les familles et leurs amis, jamais oubliés. Que malgré le pire dont l’homme est capable, il y aura toujours d’autres hommes qui eux porteront le meilleur de l’humanité.

Une leçon d’Histoire à partager avec ceux qui oublient trop vite ce qu’est un régime dictatorial et son cortège de répression.

L.S.