Green book : sur les routes du Sud, de Peter Farrelly est un classique de la comédie, à savoir la cohabitation forcée d’un binôme dépareillé. Ici, il s’agit de mettre ensemble dans l’Amérique de 1962 le pianiste noir Don Shirley joué par un Mahershalla Ali au sommet de son art et son chauffeur Tony Lip Vallelonga dit Tony La tchatche, interprété avec brio par Viggo Mortensen. Le scénario, tiré d’un histoire vraie (Nick Vallelonga, le fils de Tony est à l’origine de son écriture), met en scène dans un road movie ce couple improbable parti sur les routes du sud des États-Unis pour une tournée de concerts.

Si le film débute par une première moitié assez lourde, voire caricaturale, c’est pour permettre de mieux camper les situations et le caractère des personnages, entre le noir cultivé et le blanc raciste et inculte. Mais fort heureusement, et pour notre plus grand plaisir, au fur et à mesure que ces personnages se côtoient et avancent l’un vers l’autre en apprenant à se connaître, le film gagne en épaisseur, en subtilité, et en émotion. Le réalisateur Peter Farrelly réussit ici son pari de laisser de côté son humour habituel, que certains qualifieraient de mauvais goût, pour une comédie d’auteur déjà lauréate de trois Golden Globes et du prix du public au festival de Toronto.

Optimiste, le film l’est au final, trop peut-être diront certains au regard des peu de progrès dans le vivre ensemble des communautés aux États-Unis. Mais il laisse justement au spectateur l’espoir que les hommes peuvent, malgré leurs différences, se porter un respect mutuel. Quand bien même la société américaine resterait d’un racisme indécrottable, nous savons au sortir du film qu’au moins un de ses membres est sauvé.

Un tel film nous convie à ne jamais baisser la garde car les plaies que sont le racisme et le rejet de l’altérité touchent malheureusement l’ensemble de la planète et ne cesseront jamais. Il est crucial, non de se plaindre du manque d’avancée positive dans ce domaine, mais de lutter en permanence contre les discriminations. Car c’est un fait, qu’on le veuille ou non, le penchant culturel de l’être humain va dans le sens du rejet de celui que l’on perçoit comme différent.

Green Book, un très beau film, et une très importante leçon de tolérance.

L.S.