Atlal (ruines en arabe) est un film saisissant. En 1996, dans le village de Oulled Allal, les combats ont été acharnés entre les islamistes et l’armée. Bilan, le village est détruit et les fantômes des souffrances passées peuplent toujours les ruines.

La force du réalisateur Djamel Kerkar est de nous proposer un voyage sans concession dans ce village où les habitants reviennent peu à peu. D’abord sans paroles, comme si la rencontre avec les habitants ne pouvait se faire qu’après une période de recueillement, le film devient de plus en plus prolixe en terme d’oralité lorsque les habitants se livrent à la caméra. On ne voit que des hommes, le plus souvent désabusés, amers, ou cyniques. Ils parlent de leur guerre, pas forcément la même, et des souffrances qu’ils endurent. Pourtant à côté des ruines, les maisons et immeubles sont en construction. Malgré cela, le village reste mort, car plus personne ne croit en son avenir. Quand les habitants en parlent, c’est forcement pour partir ailleurs. L’espoir n’existe plus à l’intérieur d’Oulled Allal, la guerre a créé une trop grande plaie. Les islamistes ont réussi à faire perdre aux habitants leur innocence et leur joie de vivre. La superbe séquence finale où l’on voit quelques-uns des jeunes discuter autour d’un feu et écouter de la musique est d’une beauté terrible. En effet le feu brûle au pied de la caserne autour de laquelle les soldats effectuent une ronde régulière. Comme si le temps s’était figé à Oulled Allal.

L.S.