À sa sortie de prison pour vol, Angel LaMere n’a d’autre issue qu’un banc public pour passer la nuit. Avant de chercher un travail comme lui conseille son agent de probation, la jeune délinquante s’est investi d’une mission : venger sa mère, décédée sous les coups de son père. Elle souhaite aussi renouer des liens avec Abby, sa petite sœur qu’elle n’a pas vu depuis trois ans et qui vit en famille d’accueil depuis leur tragique histoire de famille. Du haut de ses dix ans, Abby, mûre et rigolote, rêve que son aînée s’occupe d’elle jusqu’à sa majorité. Alors, pour resserrer leurs liens, la petite promet à la grande qu’elle va la guider jusqu’à leur père, et ensemble, le temps d’une belle journée ensoleillée, elles entament un voyage à la recherche de leur complicité d’antan.

Long way home a remporté le prix du Jury au dernier festival de Deauville. Un choix réjouissant de la part des jurés qui ont su apprécier la délicatesse et la simplicité du premier film de l’actrice Jordana Spiro qui, contrairement au quasi reste de la compétition, n’est pas un film engagé aux grands discours politiques ou sociaux, mais simplement l’histoire d’une famille qui, à sa manière, reflète une certaine image de l’Amérique. Livrée très jeune à elle-même à cause d’un délit mineur, Angel porte avec elle toute une jeunesse à problèmes qu’on laisse à la rue. Le personnage est d’autant plus chargé de symbolique par sa couleur de peau et son orientation sexuelle, mais Jordana Spiro a la finesse de ne pas utiliser ces deux informations pour orienter son récit. Angel est noire et homosexuelle mais cela se passe de tout commentaire dans le film, et la minorité devient normalité.

Même si la faiblesse de l’intrigue principale (la quête du père et du mal absolu) fait de cette mini odyssée dans l’est américain une semi réussite, la justesse et l’émotion émanant de la relation fragile entre les deux sœurs (merveilleusement interprétées par Dominique Fishback et Tatum Marilyn Hall) suffit pour valoir le déplacement. Un beau regard sur la naïveté d’un enfant confronté à la lucidité d’un adulte, sur deux sœurs séparées par la vie, qui, dans l'éclat de rire d’un bain de mer, retrouvent un semblant d'innocence.

S.D.