Boy erased, comme son pendant féminin, Come as your are, traite du sujet de la tentative de réorientation sexuelle sous la contrainte. Si dans son film très beau et très touchant Desiree Akhavan  mettait en scène une adolescente, Joël Edgerton, jusqu’à présent connu comme acteur dans des films à succès (il joue d’ailleurs le rôle du directeur de l’institut dans son propre film), s’attache au parcours de Jared, un jeune homme interprété par Lucas Hedges. Fils de pasteur (Russell Crowe), celui-ci sent grandir en lui une attirance pour les garçons, alors que le contact avec les filles le laisse froid. Il rompt avec sa « petite amie » devenue trop entreprenante et cherche à se lier à un camarade de fac. Ses parents décident alors de le faire examiner par un médecin. Cette femme médecin, un des rares personnages raisonnable du film, semble avoir pris la mesure des choses reconnaissant en Jared un adolescent parfaitement normal tout en avouant qu’il est parfois compliqué d’être scientifique et religieux. C’est alors que ses parents, avec l’aide « avisée » de personnes « compétentes » décident de l’envoyer suivre un stage de « réorientation » tenu par des prosélytes dans lequel le jeune Jared devra subir lavage de cerveau et humiliations dans ce qui ressemble plus à une prison qu’un établissement éducatif. Si celui-ci s’en sort bien, grâce à une mère plus aimante et compréhensive que prévue (Nicole Kidman), ce ne sera pas le cas de tous les participants.

Dans cette fondation « religieuse », le message christique semble lointain et dévoyé. On ne peut s’empêcher de penser aux scandales liés à la pédophilie dans l’église lorsqu’on voit des personnes évoquer le nom de Dieu à chaque phrase pour justifier leur engagement homophobe. (Lire notre critique de Grâce à Dieu de François Ozon)

Malgré un casting relevé et en conséquence un très bon jeu d’acteurs,  le film n’est pas d’une subtilité remarquable, on pourrait même sans trop de difficulté en relever la lourdeur et la tendance aux clichés. Mais en ces temps d’intolérance religieuse et de poussée homophobe, et sachant que ces pratiques scandaleuses ont toujours cours dans de nombreux états des États-Unis, tout ce qui dénonce ces deux fléaux et peut conduire à une réflexion est toujours bon à prendre.

L.S.