Déjà scénariste vedette du cinéma français avec Le Grand Blond avec une chaussure noire, Le Magnifique ou bien L'Emmerdeur, Veber se voit offrir la possibilité au milieu des années 70 de tourner l’un de ses scénarios de jeunesse grâce à Claude Berri. Avec Le Jouet, le primo-réalisateur signe un monument de la comédie française qui, au-delà des rires qu’il provoque, propose une analyse pertinente des rapports de classes. De plus, dès ses débuts derrière la caméra, Veber fait preuve d’un excellent tempo comique et montre des prédispositions pour la direction d’acteurs.

Le Jouet est mon film préféré de Francis Veber car il arrive à concilier ici l'humour et l’engagement social par le biais d’une peinture au vitriol de la fin des trente glorieuses. L’histoire de cet homme prêt à devenir le jouet du fils capricieux d’un milliardaire par peur du chômage, est en effet le reflet d'un système de l’offre et de la demande où les puissants agissent comme des despotes, profitant de la lâcheté de la population. Quand on voit Coup de tête ou Le Jouet, on peut regretter que Francis Veber ait privilégié dans sa carrière la comédie franchouillarde et inoffensive pensée pour TF1 alors qu'il possédait une plume bien plus subversive dans ses premiers travaux.

Trop peu cité à mon goût dans la filmographie de son auteur, Le Jouet concilie avec bonheur comédie populaire et message social. Un grand film tout simplement !

Mad Will