Prix « très spécial » du jury à Cannes en 1996, Crash est un film percutant. Sur une B.O. tintinnabulante signée Howard Shore, Cronenberg y interroge le devenir métallique de l’être humain. Suite à un carambolage, un couple (James Spader & Deborah Kara Unger) rencontre une série d’individus appareillés de prothèses dont le corps est modifié à la fois par les cicatrices qui les lézardent et par les membres artificiels qui remplacent ceux qui ont été déchiquetés dans des accidents de la route. Parmi eux, un photographe étrange, sorte de gourou futuriste (Elias Koteas), travaille avec des cascadeurs passionnés à la recréation de scènes de collision mortelle célèbres. Inspirés par cette esthétique mortifère, les deux amants expérimentent des plaisirs de plus en plus insolites. Loin de porter un regard trivialisant sur leur quête atypique, la caméra de Cronenberg érotise la rencontre de la tôle fendue et des corps mutilés. Les scènes d’amour en voiture entre cyborgs prennent des allures de fusion de l’homme et de la carrosserie. Même si l’on regrette de ne pouvoir s’identifier aux protagonistes, il est difficile de ne pas être frappé par ce film bien singulier.

F.L.