En 1994, Bobby Wilcher est condamné à mort par un jury de douze personnes. Parmi elles, Lindy Lou qui, comme les onze autres jurés, a voté en faveur de la peine capitale. Près de vingt ans plus tard, le réalisateur Florent Vassault est allé à la rencontre de cette femme qui, rongée par la culpabilité, décide de retrouver les autres membres du jury pour partager son sentiment.

Le film se déroule sous la forme d’un road movie, suivant au Mississipi le périple en voiture de Lindy Lou. C’est pendant ces trajets qu’elle se confie à la caméra, avec une aisance remarquable. Derrière la « militante » qui revendique une volonté de transmission de réflexion, se trouve une femme extraordinaire, pleine d’humanité et de bon sens, dans une Amérique qu’elle a parfois du mal à comprendre. Ainsi, son mari, sa petite fille et le reste de son entourage sont comme 49 % de la population favorable à la peine de mort.

Tandis que Lindy Lou mène son enquête, Florent Vassault utilise son œil de cinéaste pour réaliser une étude du pays en s’immisçant dans les maisons de quartiers résidentiels où vivent les jurés  qui n’ont pour la plupart pas bougé depuis 1994. On découvre ainsi les intérieurs huppés de lotissements presque uniquement habités par des blancs dans ce qui semble être un Etat très conservateur.

Lindy Lou ne s’attarde pas sur le cas particulier de Bobby Wilcher, reconnu coupable de deux meurtres, mais sur les victimes collatérales de son exécution, les jurés civils à qui est revenu la décision traumatisante de donner la mort. En effet, au contact de Lindy Lou, les langues se délient et on découvre que la plupart des anciens jurés restent eux aussi hantés par cette condamnation. Un film important, digne de son sujet.

S.D.