En 1792, quelque part dans l’arrière-pays niçois, Gabriel, un jeune moine (Quentin Dolmaire) se retrouve contraint de cohabiter avec des révolutionnaires. Au lieu de les rejeter comme le font ses condisciples il voit en eux une extension de ses valeurs chrétiennes. En troquant son costume ecclésiastique pour l’uniforme et sa bible pour un fusil, il ne rechigne pas à se sensibiliser aux idées nouvelles. Avec Marianne, une jeune femme noire et mutique que l’on suppose être une esclave affranchie, ils découvrent le plaisir de la chair et font avec leurs corps leur propre révolution.

Loin des grands motifs propres à la fin de l’Ancien Régime (Robespierre, la Terreur, Louis XVI ou la guillotine), Un violent désir de bonheur raconte la Révolution chez les anonymes, à l’écart de Versailles et de Paris.

Révélé par Arnaud Desplechin dans Trois souvenirs de ma jeunesse, Quentin Dolmaire trouve enfin un deuxième rôle principal à sa mesure. Sa candeur est sa diction théâtrale se prêtent particulièrement bien à ce film singulier qui emprunte autant à la littérature classique qu’à Pasolini et qui se révèle résolument moderne au son de Patti Smith et Marianne Faithfull. La présence de ces idoles des seventies, l’autre ère hautement révolutionnaire, signifierait-il qu’Un violent désir de bonheur, réalisé et autoproduit par Clément Schneider, jeune cinéaste issu du département réalisation de la Fémis, est le film de toutes les insurrections ? Il a en tout cas, en 75 minutes, l’audace de le proposer.

S.D.