Voir un film de Tsui Hark au cinéma est toujours un évènement. En effet, le maître hongkongais n’a jamais cessé durant sa longue carrière de nous proposer des pièces maîtresses en matière de réalisation. Se renouvelant sans cesse, doté d’un sens du cadrage et du montage phénoménal, le maestro (et il mérite bien ce terme) a plus d’une fois fait chavirer mon petit cœur de cinéphile.

Tsui Hark, c’est l’homme qui révolutionna le wu xia pian (film de sabre chinois) dans Zu les guerriers de la montagne magique en 1983, grâce à une esthétique novatrice reprise plus tard par Ang Lee (Tigre et Dragon) et consorts. C’est également lui qui fera évoluer le film de Kung Fu avec son magistral Il était une fois en Chine ou le polar avec le jouissif Time and tide. Mais réduire sa filmographie à ces quelques films fondateurs du cinéma asiatique n’aurait pas de sens. En effet ses longs-métrages tels que The Lovers et The Blade sont aussi des chefs-d’œuvre à voir impérativement.

Certains esprits chagrins avaient enterré le maître dans les années 2000, période pourtant essentielle pour ce cinéaste qui commençait à expérimenter les effets spéciaux numériques et autres technologies émergentes tels que la 3D. Si la suite de Zu en 2001 avait déçu, il faut avoir conscience que Tsui Hark réussira tout de même en quelques années à réinventer sa grammaire cinématographique pour exploiter pleinement les nouvelles techniques numériques et créer le cinéma de demain.

Celui qui avait bouleversé le cinéma asiatique dans les années 80 va proposer avec le premier Detective Dee en 2010 un film spectaculaire et totalement maîtrisé d’un point de vue technique. Après Il était une fois en chine, Hark lance une nouvelle saga autour d’une figure de l’histoire chinoise ayant réellement existé. Dès ce premier opus, il montre que la chine n’a plus rien à envier aux USA dans le domaine de la photographie et des effets spéciaux. Avec le deuxième volet 5 ans plus tard, il nous régale une fois de plus avec les aventures de son Sherlock Holmes à la cour de l’empereur de Chine avec une 3D qui reste la référence en matière de profondeur avec Avatar.

Le distributeur The jokers nous permet cette de découvrir cette année le troisième volet de la saga de Dee sur les écrans français et nous ne pouvons que les remercier tant le film de 2 h 30 est un concentré de cinéma qui met Hollywood KO. Après avoir vu ce film, n’importe quel blockbuster américain vous paraitra insipide, ennuyeux, laid et répétitif.

Le film débute avec la vile impératrice qui souhaite récupérer un sabre sacré donné par son mari à notre héros afin qu’il protège la Chine. Ce sabre magique aux pouvoirs fantastiques c’est le 7ème art qui, dans les mains de Hark, semble sans limite en quant à son potentiel. Le cinéaste façonne ainsi des estampes aux couleurs éblouissantes qui prennent vie devant nos yeux ébahis. Quant à la 3D, elle est d’une lisibilité extraordinaire avec une profondeur de champ dantesque. Grâce à elle, Tsui Hark redéfinit la notion même d’espace au cinéma, se jouant des perspectives comme aucun réalisateur ne l’avait fait avant lui.

De la même manière, si vous avez une salle 4DX près de chez vous (salle avec de la fumée, des odeurs, de la pluie et des sièges sur vérins), n’hésitez pas à tenter l’expérience. En effet, c’est l’un des films à mieux utiliser ce format.

Si Tsui Hark est maintenant produit par la Chine Populaire, il reste encore et toujours ce jeune homme rebelle qui avait bouleversé l’archipel Hongkongais avec sa trilogie du Chaos. En effet, même à 68 ans il ne peut s’empêcher de dénoncer la tyrannie à travers cette impératrice qui rappelle qu’un totalitarisme aussi rouge que le sang est encore au pouvoir en Chine. Enfin, à travers les talents d’enquêteur de Dee, il nous invite constamment à nous interroger sur la véracité des images. 

Une œuvre qui montre qu’il est toujours possible de concilier l’art et le divertissement. Tsui Hark signe tout simplement le meilleur blockbuster de ces dernières années.

Une fresque indispensable à voir absolument en 3D et au cinéma.

Mad Will

Ps : il n’est pas nécessaire d’avoir vu les deux premiers Dee pour apprécier et comprendre l’intrigue du film.