Sun (Choi Soo-in) est une petite fille rejetée par ses camarades de classe. À la maison ce n’est pas non plus de tout repos entre un père alcoolique, une mère qui passe tout son temps au travail dans son restaurant et un petit frère, Yoon, qui n’arrête pas de se bagarrer avec d’autres garçons.

Elle croit avoir enfin trouvé une échappatoire à ses problèmes lorsqu’elle rencontre au début des vacances Jia (Seol Hye-in), une nouvelle voisine, avec laquelle elle se lie d’amitié. Mais à la rentrée des classes, patatras ! Celle qu’elle considérait comme une grande copine, rejoint le camp de ses persécutrices. Il faudra un long chemin pour que Sun réussisse à trouver des ressources pour s’armer face au monde extérieur et retrouver confiance en elle.

Ce long-métrage présente avec finesse les relations complexes entre deux écolières dans un monde d’adultes qui n’arrive pas à appréhender l’univers des enfants. Pourtant ce ne sont pas deux mondes à part même s’il ne parviennent pas à se comprendre. Au contraire, les préoccupations des adultes s’immiscent même dans la vie des deux copines, en particulier à travers l’argent, dur à obtenir pour la famille de Sun, alors qu’il coule à flots chez Jia. Le film met également en exergue l’obligation de la réussite éducative dans un pays qui prive les enfants de moments essentiels de liberté et de jeux. The world of us traite donc de thématiques difficiles non sans utiliser un certain humour et une légèreté de ton qui donne sa respiration au film.

Nous retrouvons par exemple parmi les phrases échangées entre les deux filles :

- C’est quoi le problème des adultes ?

- Ne m’en parle pas !

Grâce une direction d’acteur de haute volée alors que c’est son premier film, la réalisatrice Yoon Ga-Eun réussit à se mettre avec tendresse et sans pathos à la hauteur de ses jeunes personnages pour nous faire appréhender un monde de l’enfance sensible et complexe. Une approche cristallisée par les mots du plus jeune personnage du film. À sa sœur qui lui reproche de toujours recevoir des coups sans vraiment les rendre, Yoon réplique : « Il me frappe, je le frappe, il me frappe. On jouera quand alors ? »

Nos dirigeants feraient bien d’apprendre de cette remarque. Le jeu n’est-il pas le meilleur lien social ?

L.S.