Michel Legrand et Jacques Demy dans cette sélection plutôt rock pour l’instant, que se passe-t-il ? Mad Will aura-t-il vendu son âme à France Culture ou s’est-il astreint à un régime au quinoa ? Je voulais tout d'abord rendre hommage à Michel Legrand qui vient de nous quitter et qui fut l’un des plus mémorables ambassadeurs de la musique française. Lauréat de trois Oscars, il marqua la musique de film avec ses bandes originales tels que L'Affaire Thomas Crown ou Un été 42. C’est également le compositeur du long-métrage Yentl de Barbara Streisand. Et sincèrement, la star américaine n’est pas connue pour s’entourer de peintres. Enfin, c’est un grand monsieur du jazz qui a joué, excusez-moi du peu avec Miles Davis, John Coltrane ou Bill Evans.

Pourquoi choisir Les demoiselles de Rochefort qui fut souvent résumé à sa chanson des jumelles ? Peut-être parce que de toutes les compositions que Legrand a écrites pour Demy, il signe ici sa bande originale la plus jazzy et intemporelle. Mais au-delà de sa partition, Les Demoiselles de Rochefort est tout simplement un grand film. Je sais que certains d’entre vous sont proches de l’évanouissement. Comment notre Mad Will, amateur de séries B et fan de Rocky, peut aimer Demy ? La raison est simple, Mad Will aime le cinéma. Et pour moi, de tous les cinéastes de la Nouvelle Vague, Demy était le plus doué d’un point de vue mise en scène. Il suffit de voir l’ouverture du film et ce magnifique mouvement de grue qui nous fait passer de la place à l’intérieur de la bâtisse où Deneuve donne son cours de danse. Nous avons ici à faire à un découpage cinématographique digne des plus grands maîtres du cinéma de l’âge d’or hollywoodien.

Les films de Demy ont été trop souvent résumé à la couleur rose bonbon que l’on retrouve parfois dans leurs décors. Pourtant, son cinéma n’est définitivement pas mièvre malgré ce que pensent bon nombre de personnes qui n’ont jamais vu ses films. Ainsi, malgré ses chansons et sa photographie colorée, on croise dans Les Demoiselles de Rochefort un tueur de femmes qui se cache sous la bonhomie d’un cinquantenaire et l’on évoque l’avortement dans la France Gaulliste. Demy utilise ici le dispositif musical pour nous parler de façon très crue de la France de l’époque entre exaltation des sixties et société conservatrice. Enfin, le film est porté par des chorégraphies de haut niveau et compte dans son casting,le dieu de la comédie musicale américaine Gene Kelly et George Chakiris connu pour West Side Story

Quant à la musique de Legrand, il se révèle maître des harmoniques, multiinstrumentiste surdoué et signe ici une partition qui n’a rien à envier aux classiques de la comédie musicale américaine. Un film à découvrir, vous pourriez ainsi vous rendre compte comme l’auteur de ses lignes que vous aimez Jacques Demy.

Mad Will