Policier droit et incorruptible, Noureddine (Fares Fares) enquête sur le meurtre d’une chanteuse célèbre. Bien que ses supérieurs classent rapidement l’affaire en concluant au suicide, ses propres analyses le conduisent à trouver cette mort bien plus suspecte. Continuant l’enquête seul contre l’avis de sa hiérarchie, il va découvrir la raison de cette omerta.

   En dosant habilement courses poursuites haletantes, confessions sur l’oreiller et sous-texte politique sur la corruption gouvernementale, Tarik Saleh signe un thriller aussi intelligent que captivant. La force de son scénario doit beaucoup à l’épaisseur de son personnage principal, assez complexe pour ne pouvoir être qualifié ni de héros ni d’anti-héros, et dont l’évolution morale fait tout le sel du Caire confidentiel. Ce rare élément intègre au sein d’un système corrompu permet au réalisateur de donner à voir un point de vue original sur les prémices du printemps arabe : non pas du point de vue des manifestants, mais de celui d’un rouage innocent, peut-être futur repenti, de la caste incriminée. Si Tarik Saleh nous régale donc d’un thriller particulièrement intelligent, cet ancien graffeur nous fait aussi profiter de son œil aguerri pour servir son bijou noir dans un écrin de couleurs vives savamment contrastées, signant avec Le Caire confidentiel un film maîtrisé de A à Z !

F.L.