Objet de tous les scandales à l’époque de sa sortie, ce film signé par Paul Verhoeven et Joe Eszterhas, sera descendu en flèche par la critique internationale. Showgirls est un bide en salles à la différence de Basic Instinct, la précédente collaboration entre les deux hommes. À l’époque, personne ne semblait prêt pour ce miroir déformant du monde du spectacle américain, criard et outrancier.

Pourtant quand on regarde Showgirls, on se demande encore ce qui a pu passer dans la tête de ceux qui ont pris le film au premier degré,  alors qu’il est évident que Verhoeven signe ici une peinture au vitriol des USA. En prenant comme cadre Las Vegas, cité de bric et de broc où l’on retrouve une fausse tour Eiffel et une pyramide, il veut montrer que l’industrie du spectacle américaine est aussi factice que cette ville aux origines mafieuses. Las Vegas est ici l’incarnation d’une Amérique consumériste où la seule morale est la loi du plus fort. Un pays pudibond en apparence, mais au final corrompu, où l’on vend les corps féminins comme du jambon sous cellophane. Paul Verhoeven va reprendre le principe des films autour de l'ascension d'artistes tels qu’ Une étoile est née. Sauf qu’ici, sa success-story met en valeur des salopards prêts à tout pour gagner leur place.

La mise en scène de Verhoeven est absolument brillante avec une caméra qui se glisse avec une grâce infinie dans le moindre recoin des décors. Le réalisateur semble vouloir offrir le plus bel écrin aux pathétiques spectacles de stripteases en mode aérobique de la cité du jeu qui ne comprend rien au mot érotisme. Il peut également compter ici sur des acteurs investis que ce soient Elizabeth Berkley en Américaine bas de plafond attirée par les projecteurs, Kyle MacLachlan en dandy corrompu ou Gina Gershon qui a passé la date limite de péremption pour le monde du spectacle. Showgirls est un conte de fées brutal et ordurier qui s’avère comme souvent chez le réalisateur, une oeuvre féministe qui dénonce une certaine culture du viol. Un film indispensable au même titre que les autres longs-métrages de sa filmographie !

Mad Will