On l’appelle Jeeg Robot est un film italien de super héros. Cette œuvre suit donc logiquement les balises posées par presque 20 ans de dictature Hollywoodienne. Les habitués retrouveront ici les causes de la transformation de l’homme en surhomme, la découverte de ses supers pouvoirs, le masque, etc. Mais ce qui différencie ce film des franchises américaines, c’est son scénario très maitrisé avec ses trois personnages bien dessinés à la psychologie fouillée.

Du côté des « gentils », il y a d’abord celui qui deviendra Jeeg Robot, (Claudio Santamaria) anti-héros qui, répète-t-il, « n’aime pas les gens », et ne cherche pas à sauver le monde. C’est donc a priori mal parti pour en faire un super héros conventionnel ou un anti héros affadi à la sauce américaine. Il se retrouve confronté à Alessia (Ilena Pastorelli) une fille « très perturbée », pour ne pas dire complètement folle, auprès de laquelle Jeeg va redonner du sens à sa vie. Ce personnage féminin particulièrement bien réussi, est au centre du scénario et c’est lui qui fera évoluer notre super héros. Très loin des archétypes en vigueur, de celui du sauveur pour le Jeeg Robot, qui ne veut pas l’être, ou de celui du faire valoir, pour la fille, Gabriele Mainettti réussit à nous raconter une histoire qui fait la part belle à l’humanité des personnages et à l’émotion qu’ils suscitent.

Enfin, comme nous l’a enseigné Hitchcook, « plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ». Incarné par Luca Marinelli, il est ici traité à la Tarantino, personnage hyper violent, parfaitement abject et répugnant. Il est forcément membre de la mafia (nous sommes en Italie) et de plus il trahi tout le monde, y compris ses plus fidèles compagnons.

Tourné avec un relativement petit budget, cette économie de moyen sert paradoxalement le film, recentrant le propos sur la psychologie du personnage tout en renforçant sa sensibilité et laissant place à l’émotion.

Un film étonnant, donc, à ne pas rater pour les amoureux du genre et à découvrir pour les autres.

L.S.