Rares survivants d’une apocalypse nucléaire ayant entraîné la chute finale de la civilisation industrielle, une dizaine de petits animaux anthropomorphes luttent quotidiennement pour sa subsistance sur une île dévastée, jonchée de décharges. Chacun d’eux fomente le projet de quitter l’île à la recherche de jours meilleurs dans une contrée plus hospitalière, mais doit affronter ses démons pour enfin avoir le courage de franchir le pas vers l’inconnu.

   Psiconautas est l’adaptation animée de la bande-dessinée éponyme d’Alberto Vázquez et se distingue donc par l’aboutissement de son univers graphique aux jeux de clair-obscur parfaitement maîtrisés. Mais sous ses couleurs volontiers chatoyantes et ses personnages semblant tirés d’un conte pour enfants, le lauréat du Goya 2017 du meilleur long métrage d’animation est d’une redoutable noirceur. Comme son titre le laisse présager, c’est à un voyage à l’intérieur de consciences désenchantées naviguant entre longues périodes de désespoir et rares sursauts de vitalité qu’il nous convie. Truffé d’humour noir, peinture au vitriol de notre société dont les sombres perspectives d’avenir plongent la plupart de ses membres dans une dépression sans remède, Psiconautas est incontestablement fort et dérangeant, parfois même à la limite du soutenable.

F.L.