Greta (Bethany Whitmore) va bientôt avoir quinze ans et n’a qu’un seul véritable ami, Elliott (Harrison Feldman). Dans le but de la socialiser et dans l’espoir de la forcer à affirmer davantage sa féminité, sa mère (Amber McMahon) organise une fête d’anniversaire à laquelle elle convie à son insu tous ses camarades de lycée. Cette soirée va obliger l’adolescente à affronter sa peur de grandir.

Avec Fantastic Birthday, Rosemary Myers fait dès son premier film une entrée fracassante dans la cour des grands. Son univers coloré et plein de fantaisie n’a en effet rien à envier à ceux des films du phénoménal Wes Anderson. Ancrant son histoire dans les années soixante-dix, elle a offert à son directeur artistique Jonathon Oxlade une occasion en or de jouer de la riche palette de couleurs et de motifs inhérente à cette époque pour créer un décor et des costumes souvent poétiques ou humoristiques, qu’elle valorise très bien grâce à une utilisation judicieuse de la profondeur de champ. Avec lui et le reste de la troupe du Théâtre Windmill qu’elle dirige depuis de nombreuses années, la metteuse en scène australienne a construit un univers rempli de personnages archétypaux qui satirisent la vision du monde simplifiée des adolescents et permettent aux comédiens de s’amuser à surjouer sans que cela nuise au réalisme psychologique de l’histoire. Inspirés par la psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim, ils emboîtent à ce premier univers décalé acidulé un second univers, onirique et plus noir, dans lequel les mêmes acteurs incarnent des personnages encore plus extrêmes, renvoyant aux fantasmes de l’héroïne concernant la sexualité. Ce traitement métaphorique de l'adolescence évite la leçon de choses en refusant toujours de se prendre au sérieux. Parodiant à l’envi séries américaines de campus et blockbusters, Fantastic Birthday leur emprunte acteurs charismatiques et mouvements de caméra maîtrisés et y ajoute la poésie, l'autodérision, le charme artisanal des films indépendants. Tout convainc dans ce premier film vitaminé épatant qui nous fait rire jusqu’au bout avec sa pirouette finale résumant très bien la quête identitaire adolescente, et même sa chanson de générique caustique en diable.

F.L.

L'interview de la réalisatrice Rosemary Myers par Florine Le Bris : https://www.chacuncherchesonfilm.fr/actualites/33-interview-rosemary-myers