Après un long voyage, Samir (Rodrigue Sleiman) atteint enfin Beyrouth un matin. Désorienté, il se rend chez son frère (Raed Yassin) qu’il n’a pas vu depuis vingt ans. Ancien soldat présumé mort, il réveille chez ses concitoyens des fantômes qu’ils avaient soigneusement enfouis…

Radicalement décalé, le film de Wissam Charaf s’articule autour d’un personnage de revenant qui peine à se réadapter à une vie urbaine dont il a été coupé trop longtemps. Découvrant la société libanaise à travers son regard d’intrus, les situations les plus quotidiennes nous apparaissent dans toute leur absurdité. Succession de scènes toutes plus étranges les unes que les autres, Tombé du ciel oscille constamment entre le burlesque et la mélancolie. En effet, le regard fureteur de Samir, toujours étonné de tout dans une ville qui lui est devenue étrangère, alterne avec ses cauchemars post-traumatiques. Si la guerre appartient au passé, elle reste présente dans les esprits, et ses scories ressurgissent çà et là à l’occasion d’un accès de violence incontrôlée. Ayant souhaité signer une « comédie foutraque qui évite à tout prix le drame social au premier degré », Wissam Charaf évoque donc par la bande son, la violence refoulée par toute une génération marquée par la guerre, à l’intérieur d’un tableau principalement marqué par la dérision. Une curiosité.

Florine Lebris