Très beau portrait de femme incarné par la sublime Itaso Arana, par ailleurs créditée au scénario, Eva en Août du réalisateur espagnol Jonas Trueba est un film à apprécier dans la chaleur de l'été. Le spectateur se laisse plaisamment emmener au gré des rencontres de la jeune femme dans une quête d'identité et une exploration dun Madrid estival.

La critique :

Eva en août, film du réalisateur espagnol Jonas Trueba, avec la collaboration d’Itaso Arana au scénario, commence doucement dans un Madrid écrasé par la chaleur. On se laisse prendre peu à peu à suivre Eva (sublime IItaso Arana !) dans ses rencontres et son exploration dun Madrid estival. Le film est à consommer tranquillement dans la touffeur de l’été en s’imprégnant de la nostalgie des temps où la distanciation sociale et les masques étaient encore de la science-fiction…

S’il se présente sous le signe de la vierge, il n’a rien d’un manifeste religieux, même si le long-métrage sappelle La vierge d’août et quil se conclut le 15 août le jour de l’assomption. C’est simplement un film de foi. Une procession et trois fêtes religieuses marquent le récit, dont celle des larmes de San Lorenzo, mais ces liturgies sont devenues païennes et prétexte à des rassemblements et des moments de réjouissances. Eva rencontre aussi une femme qui par son souffle enlève la douleur des règles, par une technique ancestrale enseignée de mère en fille, pratique à laquelle le spectateur est libre de croire ou de ne pas croire.

Notre héroïne s’intéresse aux figures féminines, celles de l’Histoire, Popée la femme de Néron, dont elle admire un buste au musée, et celles actuelles rencontrées au hasard d’une sortie ou quelle côtoie au quotidien comme sa voisine d’immeuble.

On ne sait presque rien de la vie d’Eva d’avant et on ne saura rien de celle d’après. Eva est en cela vierge de souvenirs, elle est la madone du présent, ce qui lui permet d’être à l’écoute des autres, de les inciter à se dévoiler, voire de les « sauver ».

Le peu que l’on connaisse d’Eva est qu’elle est une comédienne qui se questionne. À ce titre elle s’interroge sur sa vie, ses relations, sa place. D’ailleurs elle déménage souvent, quand bien même à l’opposée d’autres de ses rencontres, elle n’a jamais bougé de Madrid où elle est née. Filmé essentiellement en plans fixes dans lesquels le personnage évolue, le cadre nous montre clairement qu’Eva est libre de ses mouvements, tant formellement que dans sa vie. Eva décide. Elle décide de s’installer une première fois chez un ami qui lui laisse son appartement pendant ses vacances, une deuxième chez un compagnon de rencontre. Ce nomadisme lui donne une liberté, celle de choisir ce que sera sa vie, avec qui elle veut vivre, c’est elle qui sera initiatrice des rencontres, appelant l’une, sonnant chez l’autre, et au final choisissant son homme.
 

Construit sur les quinze premières journées du mois d’août et découpé à la façon d’un journal intime, qu’on voit Eva par moments tenir, ce film nous entraine dans son sillage par un rythme tranquille et posé, goûtant avec grand plaisir ces moments d’alanguissement induits par la chaleur de l’été madrilène et nous laissant découvrir un très beau portrait de femme.

Laurent Schérer

La bande annonce :