Pour cet été, plutôt que de vous donner à lire de longues critiques, je vous propose une liste de 50 films que j’apprécie tout particulièrement afin d'échanger avec vous autour du cinéma. Pour réaliser cette sélection, je me suis astreint à des oeuvres que je n’avais jamais critiquées sur Chacun Cherche Son Film. De la même manière, les longs-métrages retenus devaient appartenir à des genres différents. C’est ainsi que vous trouverez aussi bien de la comédie que du cinéma fantastique, érotique, et même du cinéma d’auteur français ! J’espère que cette sélection vous fera réagir et vous surprendra tout en vous faisant découvrir de petites perles.

En quelques lignes, j’essayerai pour chaque long-métrage de vous expliquer pourquoi cette oeuvre compte pour moi afin de vous donner envie de le voir ! N’hésitez pas à commenter sur les réseaux sociaux !

# 39 Croix de fer de Sam Peckinpah

Le film en VOD : https://www.universcine.com/films/croix-de-fer

Quand le cinéaste de La Horde sauvage s’attaque au film de guerre, nous sommes très loin des fables nationalistes mettant en scène de courageux G.I. sans peur et sans reproche auxquelles Hollywood nous avait habitués. Souffrant d’addictions et connu pour son caractère de franc tireur, Sam Peckinpah n’est plus le cinéaste adulé de ses débuts et commence à avoir du mal à monter ses projets suite à plusieurs échecs au box-office américain au milieu des années 70. Son nouveau projet, Croix de fer, il part le tourner en Yougoslavie avec des fonds anglais et allemands (la légende voudrait que le producteur venait du monde de la pornographie). Grâce à ses producteurs européens qui lui laissent une plus grande liberté artistique, il parvient à signer une oeuvre originale sur l’armée allemande, qui connut l’enfer sur le front russe en 1943. Croix de fer est un film marquant par le point de vue adopté, celui d’un militaire allemand, mais également par la violence de ses images. En effet, bien avant Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg , Sam Peckinpah n’hésitait pas à nous dévoiler les corps meurtris et des amas de cadavres, en utilisant le ralenti, non pour magnifier les combats, mais pour insister sur les conséquences de la guerre sur les combattants.

James Coburn trouve ici le rôle de sa vie avec le personnage de Rolf Steiner, qui se moque ouvertement de sa hiérarchie et de la propagande du Reich. Son seul désir : sauver le plus d’hommes possible sur le champ de bataille. Le film va alors l'opposer à un officier nouvellement arrivé  qui est prêt à envoyer tous ses soldats à la mort, pour obtenir La croix de fer, la décoration la plus prisée de l’armée allemande.

Le réalisateur américain signe ici un chef-d’oeuvre unique, d’une noirceur inégalée qui nous montre que la guerre n’est qu’une belle saloperie. On se souvient avec horreur de cette scène de l’hôpital où un haut dignitaire tend la main à un soldat estropié, qui lui présentera alors son pied pour lui rendre son salut, ses bras se limitant à deux moignons. Le choix de se focaliser sur un soldat allemand est une excellente idée. En effet, peu importe l’uniforme que l’on porte, la guerre est une connerie qui déshumanise l’homme juste pour l’honneur de quelques porteurs de médailles. Croix de fer est à voir absolument !

 

#38 Crash de David Cronenberg

Le film en VOD : https://www.universcine.com/films/crash

Après avoir mis en images les délires narcotiques de William S. Burroughs avec Le Festin nu , Cronenberg s’attaque ici à un nouveau projet d’adaptation considéré comme impossible avec le Crash de J. G. Ballard. Le cinéma avait déjà abordé l’oeuvre du romancier anglais avec la mise en image de son enfance dans les camps japonais dans LEmpire Du Soleil de Spielberg . Cependant, son livre Crash est une oeuvre romanesque bien plus difficile à adapter, en raison de son contenu sexuel à la limite de la pornographie et de sa narration heurtée assez difficile à suivre. 

Comme pour son adaptation de Dead Zone , Cronenberg va essayer de capter l’essence du roman en prenant de grandes libertés avec les péripéties de celui-ci. Son Crash est avant tout un long-métrage dont la froideur apparente est là pour montrer la quête éperdue de sens de l’homme moderne dans un monde déshumanisé. Le réalisateur canadien montre ici le besoin de ses protagonistes de se sentir en vie, par le biais d’accidents de la route qui meurtrissent les corps tout en invitant ses participants à l'extase sexuelle. Ses personnages accèdent ici avant tout à un nouvel état où ils prennent conscience que notre monde moderne est déjà mort. Le corps devient alors le seul rempart à la folie. Troublant, d’une puissance érotique sans égale, Crash est un film unique, incompris par les moralisateurs de tout bord, alors que c’est une oeuvre plus qu’humaine qui met en scène une société moderne dénuée de sens.

 

#37 Kids return de Takeshi Kitano

Le film en VOD : https://www.universcine.com/films/kids-return

Même si Kids return est rarement cité dans la filmographie de Kitano , c'est pourtant mon oeuvre préférée du maître japonais. Avec beaucoup de tendresse, le réalisateur japonais nous dresse ici le portrait de deux adolescents rebelles au sein d’une société japonaise cloisonnée. L’amitié entre ses deux mauvais garçons sera vite mise en cause durant le film par les choix de vie de chacun. L’un optera pour la boxe tandis que l’autre se rapprochera de la pègre. Ils se rendront néanmoins vite compte, que peu importe le milieu qu’ils intègrent, celui-ci, au Japon, est toujours figé.

Kitano remet ici en cause ici un système éducatif qui ne laisse pas beaucoup de choix à ceux qui ne peuvent pas rentrer dans le moule. Son film peut-être vu comme le chant du cygne des désirs de rébellion de jeunes hommes qui finiront par être rattrapés par une société où l’individu n’existe pas. Par le biais de son final mélancolique et d'intermèdes comiques mettant en scène des camarades de nos héros exécutant des sketches, Kitano semble nous indiquer que la lutte contre l’ordre établi doit quand même être tentée, car l’amitié et l’art peuvent s’avérer des remparts contre le système. Impeccablement joué, le film est accompagné par une bande originale énergique de Joe Hisaichi dont il est impossible de s’enlever de la tête le thème principal. A voir et à revoir !

 

#36 De beaux lendemains d' Atom Egoyan

Le film en VOD : https://www.universcine.com/films/de-beaux-lendemains

Après la vision du sulfureux Exotica et de ce magnifique De beaux lendemains ,  j’étais convaincu qu’Egoyan allait devenir une figure essentielle du cinéma mondial. Les nominations aux Oscars et les nombreuses récompenses reçues par De beaux lendemains telles que le Prix FIPRESCI, le Grand Prix du Jury cannois et Prix du Jury Œcuménique avaient mis en lumière le réalisateur canadien qui semblait promis alors à une belle carrière. Malheureusement pour lui, le reste de sa filmographie ne sera pas à la hauteur de cette adaptation du romancier américain Russell Banks. Si le réalisateur a été souvent taxé de formaliste, son visuel ici épouse avec une humanité rare l’existence de ces petites villes nord-américaines où survivent des gens pauvres faisant preuve d’une dignité remarquable.

Le film est porté par l’interprétation magistrale du regretté Ian Holm qui joue ici un avocat spécialisé dans les Class Action. Incapable de gérer ses relations avec sa fille junkie, il soigne ses fêlures en rendant visite à des parents endeuillés afin de les pousser à réclamer de l’argent suite à l’accident d’un autocar scolaire. À ses côtés, nous retrouvons la toute jeune Sarah Polley, seule survivante du drame, qui offre une prestation impressionnante malgré son jeune âge. Son personnage finira par dépasser son trauma, en refusant de laisser les autres diriger sa propre vie, que ce soit son père incestueux ou l’avocat. Du côté de la réalisation, les images sont splendides avec un cinéaste qui réussit à filmer son drame à la bonne distance grâce au Cinémascope, qui lui permet d’éviter les gros plans larmoyants. Au final, il signe une oeuvre universelle qui met en lumière le courage d’hommes et de femmes qui doivent faire face à la perte d’un être cher. Sur un sujet pareil, réussir un long-métrage aussi profond et à ce point maîtrisé, est exceptionnel. La dénomination de chef-d'oeuvre n'est pas usurpée concernant ce film.

 

#35 Aliens, le retour de James Cameron

Le film en VOD : https://video-a-la-demande.orange.fr/film/ALIENSLERETW0051434/aliens-le-retour

Aliens est l’exemple de la suite réussie, car le long-métrage de James Cameron est une réappropriation d’un matériel existant et non la simple copie d’un film ayant triomphé au box-office. Le deuxième Alien aurait été écrit au même moment que Rambo II par James Cameron. À l’écran, il semble évident que les aventures de John Rambo on déteint sur Aliens où des militaires surarmés doivent faire face à des adversaires souvent invisibles, dont ils ont sous-évalué la capacité de résistance, en les considérant comme de simples sauvages. On notera également que Ripley, à l’instar de Rambo, doit revenir sur les terrains où elle a connu l’horreur pour dépasser son trauma. Quand on sait que l’introduction de Terminator 2 vient également de son script de Rambo II , on regrette que le deuxième volet des aventures de John Rambo fût réécrit par Stallone qui était mécontent du résultat.

Avec Aliens , Cameron souhaitait s’éloigner des films de monstres qu’il qualifie de conte de fées où la belle est poursuivie par la bête. Fini la créature phallique et l’héroïne déambulant en petite culotte. Sa Ripley sera une femme forte capable de prendre les armes et aussi une figure maternante qui prend sous son aile la jeune Newt. C’est une protagoniste qui montre qu’il n’a pas fallu attendre Disney et sa Captain Marvel pour avoir des héroïnes féministes.

Le réalisateur canadien a été rejeté par son équipe technique anglaise qui le voyait comme un réalisateur de films bis par rapport au raffiné Ridley Scott , venant des grandes écoles d’Art. Cameron sera ainsi amené à virer son chef opérateur qui avait pris la tête d’une mutinerie sur le plateau. Il remplacera également l’acteur James Remar devenu ingérable à cause de son addiction aux narcotiques. Réputé pour sa maniaquerie, Cameron a tenu bon et signe un film bluffant en matière de visuel par rapport à son budget plus que réduit. Il prouve ici qu’il est le meilleur réalisateur de blockbusters du cinéma américain, sachant créer de grands films populaires parfaitement exécutés qui reposent sur des scénarios simples mais jamais simplistes. C’est un cinéaste qui utilise exclusivement le visuel pour nous raconter son histoire. Il a une gestion de l’espace unique avec une caméra toujours en mouvement. De plus, ses choix de plans sont toujours les bons car il ne fait jamais dans la fioriture grâce à un montage d’une lisibilité absolue. Cameron est un immense professionnel qui propose à ses spectateurs le meilleur divertissement possible. Aliens est à ce titre un très grand film que je prends plaisir à voir et à revoir depuis de 30 ans !

Mad WIll

A la semaine prochaine pour cinq nouveaux films !