Pour cet été, plutôt que de vous donner à lire de longues critiques, je vous propose une liste de 50 films que j’apprécie tout particulièrement afin d'échanger avec vous autour du cinéma. Pour réaliser cette sélection, je me suis astreint à des oeuvres que je n’avais jamais critiquées sur Chacun Cherche Son Film. De la même manière, les longs-métrages retenus devaient appartenir à des genres différents. C’est ainsi que vous trouverez aussi bien de la comédie que du cinéma fantastique, érotique, et même du cinéma d’auteur français ! J’espère que cette sélection vous fera réagir et vous surprendra tout en vous faisant découvrir de petites perles.

En quelques lignes, j’essayerai pour chaque long-métrage de vous expliquer pourquoi cette oeuvre compte pour moi afin de vous donner envie de le voir ! N’hésitez pas à commenter sur les réseaux sociaux !

#34 Frankie et Johnny de Garry Marshall

Le film en DVD : Lien Amazon

Oui ! Mad Will peut avoir un cœur d’artichaut ! Frankie et Johnny est tout simplement ma comédie romantique préférée.  Celle que je ne cesse de regarder tout en prenant toujours autant de plaisir. On retrouve à la réalisation, Garry Marshall le créateur de la série Happy Days qui venait de signer l'un des plus gros succès du début des années 90 : Pretty Woman .

Il faut savoir que Frankie et Johnny était à l’origine une pièce de théâtre interprétée par F. Murray Abraham et Kathy Bates . Un succès sur les planches signé Terrence McNally, l’une des références du théâtre américain dont la carrière fut auréolée de prix. Si l’auteur dramatique est recruté pour adapter sa pièce, la production ne conserve pas le cast original et engage Al Pacino et Michelle Pfeiffer, les duettistes de Scarface . Ce choix de casting fera parler de lui, on accusera en effet les studios de vouloir rendre glamour la pièce en ignorant les interprètes originaux au physique moins hollywoodien. Même si on peut comprendre les réserves des critiques US concernant le duo vedette, Pacino et Pfeiffer grâce à leur talent, feront oublier leur statut.

Frankie et Johnny est l’opposé du Pretty Woman que Marshall venait de tourner auparavant. Ici, pas de conte de fées, mais simplement le quotidien difficile de deux êtres frappés par la vie. En effet, Johnny sort juste de prison tandis que Frankie a été martyrisée par son ex-petit ami et ne peut d’avoir d’enfant. Ils finiront quand même par s’aimer après avoir affronté leurs peurs respectives. C’est un film simple, mais parfaitement écrit où chaque second rôle est tellement bien interprété et documenté qu'il pourrait presque être le sujet lui-même d'un long-métrage.

Frankie et Johnny est une oeuvre touchante qui évoque la solitude, le poids du passé dans les relations amoureuses, et la difficulté pour survivre des gens les moins favorisés. Une oeuvre rare qui aura réussi à m’émouvoir jusqu’aux larmes avec un simple objet du quotidien que je ne vous spolierais pas ici. Un joli film que je vous invite à voir et à revoir.

 

#33 Dune de David Lynch

Le film en VOD : https://www.netflix.com/title/464403

Dune est critiqué à la fois par les fans du roman de Frank Herbert et les aficionados de David Lynch. Descendu également par une certaine presse dite intellectuelle, le film peut néanmoins compter sur une petite communauté de fans dont je fais partie. Il faut dire que Lynch n’y a pas mis du sien, en reniant en partie sa propre réalisation. Une désaffection du cinéaste qui est sans doute due à l’épreuve que représenta pour lui ce long-métrage. Il aura en effet travaillé plus de trois ans sur ce projet qui lui échappera in fine sur la table de montage. Habitué à de petites productions, il se retrouve ici à tourner un blockbuster. Le problème c’est qu’il est bien seul pour mener un tel projet surtout lorsque vous devez tourner au Mexique, qui est loin de rivaliser avec les USA en matière de studios. Rajoutez à cela une figuration qui n’en a strictement rien à faire de jouer dans un film américain, et des effets spéciaux sous-traités à des boîtes pas forcément au niveau, et vous avez une idée des difficultés rencontrées par le jeune cinéaste. Quant à son producteu,r plutôt absent durant la fabrication, il se rappellera à lui en demandant de multiples coupes sur son montage de 3 heures.  La version sortie en salle d’une durée de 2h10 est un montage sacrifié. Une expérience qui poussera le réalisateur à obtenir le final cut sur tous ses autres films.

Si j’aime tout particulièrement le film, c’est avant tout pour son ambiance unique. Lynch nous offre ici comme à son habitude des scènes qui ressemblent à un cauchemar.  On se souvient évidemment du repoussant Baron Harkonnen qui arrache les valves de ses esclaves. Mais d’autres séquences ont imprimé l’inconscient du spectateur comme lorsque Paul chevauche un ver de sable ou bien quand l'empereur fait face au navigateur de la Guilde dans sa cuve de gaz orangé. Quant aux décors, ils imposent et mêlent avec beaucoup de goût l’esthétique cyberpunk et l’architecture romaine. Grâce au cursus de plasticien de Lynch, la direction artistique n’a pas pris une ride malgré les effets spéciaux pas toujours bien finalisés. Surtout, n’écoutez pas la critique française ! Dune est bel et bien un long-métrage de Lynch. Comme dans la plupart de ses films, le rêve est au coeur du récit avec un Paul qui ne cesse de répéter : « le dormeur doit se réveiller ». Rajoutez à cela un casting 3 étoiles et une bande-son extraordinaire signée TOTO sur laquelle j’étais déjà revenu (lien), et vous obtenez l'un de mes long-métrages préférés

On pourra reprocher au film certains raccourcis scénaristiques. Mais résumer un chef-d’œuvre tel que Dune en un film semblait impossible. Herbert s’avéra plutôt satisfait de cette version même s'il indiquait que le montage de 3 heures de Lynch était bien plus riche  : "Selon moi, les gens en voulaient plus. Ce qu'ils ont vu était fidèle à mon livre même si une grande partie est restée dans la salle de montage". Le film ne réussit pas tout, mais reste l’une des oeuvres les plus singulières et fascinantes de la science-fiction au cinéma. Un long-métrage à voir et revoir comme je le fais plusieurs fois par décennie ! Attention, il existe un montage de 3 heures du film qui a été distribué en DVD. N’attendez pas la version de Lynch refusée par son producteur. Ce montage est avant tout une version bricolée pour la télévision américaine avec moins de violence et qui a été rejeté par Lynch qui a demandé à ne pas en être crédité.

 

#32 Gwendoline de Just Jaeckin

Le film en Blu-ray chez Le chat qui fume : https://lechatquifume.myshopify.com/products/gwendoline

Je ne qualifierai pas Just Jaeckin de grand cinéaste même je suis émerveillé par le fait que l’homme ait réussi à faire fantasmer plus de 9 millions de Français grâce à Emmanuelle. Cet ancien photographe de mode aura surtout capitalisé sur les 100 millions de dollars récoltés à l’international par son long-métrage avec Sylvia Kristel. En effet, ses films suivants Histoire d'O et L'Amant de Lady Chatterley sont très loin de valoir leur modèle papier. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’avoir une affection pour son Gwendoline , une oeuvre bis décomplexée mettant en scène un Indiana Jones de pacotille. Comme au temps glorieux du cinéma d’exploitation italien, on aura le droit à une attaque de crocodile, à des cannibales et à des pirates féroces, sans oublier une bande d’Amazones au look SM.

Pour une fois dans sa filmographie, Jaeckin ne s'enferme pas dans l'érotisme à la papa des des années 70, afin de nous livrer une comédie d’aventures loufoque qui pourrait être appréciée par toute la famille, s’il n’y avait pas autant de jeunes femmes déshabillées et de gore. Au final, c’est pourquoi on aime Gwendoline . C’est en effet un film unique dans le cinéma français. On se demande encore comment on a pu filer un budget aussi important et dix-huit semaines de tournage pour créer cette œuvre dont on ne sait pas quel est le public visé. En voulant mélanger les genres à la mode à son goût pour le cinéma dénudé, Jaeckin a produit un hybride impossible entre le cinéma bis italien, les dessins animés d'Hanna-Barbera pour la naïveté apparente de son intrigue, et les films érotiques de M6 pour ses actrices topless. On s'interroge également sur la présence d'actrices reconnues comme Zabou Breitman (qui renie le film) ou B ernadette Lafont . Mais au fond on s’en fout ! On s’emmerde moins que devant certains films d‘auteur et c’est quand même plus excitant qu’un Dany Boom racontant des blagues chtis. Un long métrage que l’amateur d’étrangetés cinématographiques se doit d’avoir vu !

 

#31 Runaway Train d'Andreï Konchalovsky

Le film en Blu-ray chez ESC : https://www.esc-distribution.com/aventure/1380-runaway-train-3760247203073.html

Considéré comme comme l’une des meilleures productions Cannon, Runaway Train  témoigne de tout le talent de son réalisateur, le russe Andreï Konchalovsky qui collabora à ses débuts à certains scénarios de Tarkovski  avant de réaliser des longs-métrages majeurs du cinéma soviétique tels que Le Bonheur d'Assia ou Sibériade .

C’est en effet grâce à ce dernier film qu’il rejoint les USA. Il signera tout d’abord Maria’s Lovers  avant de partir tourner Runaway Train  d’après Akira Kurosawa . Le scénario du film est ainsi inspiré d’un script écrit par le maître du cinéma japonais pour Hollywood, qu’il n’aura finalement jamais tourné.  Ce qui frappe en premier dans Runaway Train , c’est sa mise en scène ample qui épouse à merveille les paysages de l’Alaska. Aussi à l’aise dans les scènes d’action que dans les moments plus posés du film où sa direction d’acteur s’avère impressionnante, le réalisateur russe montre qu’il a un sens du timing absolument parfait. Il sait  en effet s’arrêter sur le visage de ses acteurs, afin de nous faire ressentir les affres de ses personnages, avant de nous offrir des séquences d’action dantesques parfaitement découpées. Un grand cinéaste tout simplement !

Les héros du film que l’on dirait tout droit sortis d’un western de Peckinpah , ne sont pas des anges ! Mais la société qui les condamne ne semble pas valoir mieux qu’eux. Le mal et le bien semblent cohabiter dans chacun des protagonistes. Ce seront les évènements qui les amèneront  à révéler leur vraie personnalité.

Runaway Train est une œuvre habitée autour de la liberté, signée par cinéaste qui a connu la dictature soviétique. L’Alaska qui sert de décors au film est en effet une métaphore des goulags sibériens. L’un des meilleurs films d’action jamais réalisés.

 

#30 Le Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud

Le film en VOD :

Avec Le nom de la Rose , Annaud signe le meilleur film de sa riche carrière qui compte pourtant pas mal de classiques tels que Coup de tête , La Victoire en chantant ou L'Ours . C’était pourtant loin d’être gagné, car le livre d’Umberto Eco avait la réputation d’être inadaptable. En effet, le roman du sémiologue italien est la fois un traité sur l’Art, un policier médiéval, une réflexion sur la morale, et un exposé sur la pensée au Moyen Âge.

Annaud pour arriver à synthétiser cette oeuvre somme, fera appel entre autres à Gérard Brach le scénariste fétiche de Polanski et Andrew Birkin, collaborateur fidèle de Kubrick , qui lui proposeront pas loin d’une quinzaine de versions du script. Outre ses scénaristes prestigieux, Annaud va engager Dante Ferretti pour les décors, un cador dans le domaine qui a collaboré avec Terry Gilliam , Martin Scorsese ou Fellini . Son chef opérateur, il part également le chercher en Italie, en choisissant Tonino Delli Colli qui signa la lumière d’ Il était une fois en Amérique et dans l’Ouest . Enfin, il a pu compter sur Bernd Eichinger pour tenir les cordons de la bourse, un producteur allemand qui avait frappé fort à l’international avec le film germano-américain L'Histoire sans fin .

Annaud va faire preuve d’un souci du détail assez impressionnant, en faisant appel au médiéviste Jacques Le Goff afin de donner vie à un Moyen Âge moins reluisant que l’image habituellement donnée par Hollywood. Mais fallait-il encore des hommes pour incarner les êtres de papier du roman. Annaud engage alors Sean Connery pour le rôle principal. Il faut dire que l’acteur écossais l’a harcelé de longues semaines pour obtenir des essais qui enthousiasment le réalisateur français. Un retour au premier plan défendu par Annaud contre l’avis de la plupart des agents d’Hollywood qui déclarent l’acteur fini. Connery prouvera le contraire en tournant dans Le nom de la Rose , Highlander et Les Incorruptibles quasi à la suite. À ses côtés, on retrouve Michael LonsdaleRon Perlman et un jeune acteur débutant Christian Slater, tous dirigés de main de maître par Annaud .

Le cinéaste français réalise un film réaliste dans sa description historique quotidienne du monastère. Il n’hésite cependant pas à faire appel à un certain formalisme par le biais d’une lumière crépusculaire et cadre avec un plaisir évident les gueules à la Bruegel de la plupart des habitants du monastère. Annaud a un savoir-faire technique bluffant grâce une caméra souvent mobile, mais il sait aussi prendre son temps et s’attarder sur les visages. Il concilie ici à merveille le spectaculaire et l’intime.

Avec son scénario parfait, son casting impressionnant et sa réalisation inspirée, Le nom de la Rose est un film que l’on pourrait qualifier de parfait. Il l’est encore plus grâce à la bande originale de James Horner. Le compositeur qui n’avait qu’un mois pour créer la musique va concilier l’électronique et les instruments anciens. Ses compositions dans le film se veulent le reflet de la lutte entre l’obscurantisme et la raison. Les basses synthétiques et les cordes basses créent des ambiances crépusculaires où le mal semble partout. En opposition, il utilise des ensembles à cordes usant d'instruments de La Renaissance dans les moments où la raison est mise en valeur par notre moine érudit interprété par Sean Connery.

Le nom de la Rose est tout simplement un chef d’œuvre.

Mad WIll

A la semaine prochaine pour cinq nouveaux films !