Regarder KISS ME YOU FUCKING MORON sur Outbuster : https://www.outbuster.com/coeur-a-vif/kiss-me-you-fucking-moron

La critique :

Mise en scène des inquiétudes adolescentes, Kiss me you fucking moron du réalisateur norvégien Stian Kristiansen , est une comédie très agréable à visionner.

Jeune lycéenne et principal moteur de la troupe de théâtre locale, Tale (Eili Harboe ) cherche à renouveler son répertoire qui est composé essentiellement de pièces pour enfants. Elle choisit alors de monter une pièce d’un auteur norvégien célèbre, John Fosse, et demande de l’aide à Lars (Kristoffer Joner ), un acteur renommé. Celui-ci refuse d’abord, ne voyant pas pourquoi il irait s’enterrer dans ce trou perdu, puis il accepte à la condition d’être obéi au doigt et à l’œil. Ayant accepté le marché, la petite troupe d’amateurs doit se plier aux exigences du professionnel qui ne seront pas toujours celles attendues par les acteurs en herbe.

On ne peut s’empêcher de penser à l'excellent film d’Abdellatife Kechiche de 2004, L’esquive dont Kiss me you fucking moron reprend peu ou prou les mêmes thèmes, version norvégienne et (paradoxalement) plus lumineuse : tout en usant fréquemment d’un humour léger et de circonstance, le réalisateur nous donne de toute évidence une leçon de théâtre et une leçon de vie.

Le film se développe à travers trois thématiques. La première basique, celle du management d'une troupe de théâtre. Il n’est en effet pas simple de jongler avec les egos/sentiments/ressentis de chacun. La deuxième souvent exposée est celle de la définition de l’art. Le fait de choisir comme acteur principal un joueur de football est-il absurde ou au contraire peut-on considérer que se donnant en spectacle, le footballeur est aussi intrinsèquement un acteur ? Enfin, la troisième est au cœur de notre film et permettra une jubilatoire mise en abyme car elle est le sujet de la pièce : l'Amour avec un grand A. Dans le film, ce ne sera pas l’acteur qui s’identifiera au personnage mais l’inverse, le personnage finissant par se glisser dans la peau de l’acteur. C’est pour cela que le jeu de Tale l’aide dans sa recherche quand elle oscille entre ce qu’elle désire et ce qu’elle croit vouloir. En se débarrassant des artifices du jeu, elle peut atteindre  son moi profond dont elle a réellement besoin.

Soulignons pour finir l’excellente interprétation de l’actrice principale Eili Harboe , sans qui le film n’aurait sans doute pas atteint la même profondeur.

Laurent Schérer

 

La bande annonce :