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Le cinéma de Mel Brooks, ce sont des fous-rires par centaines et des séquences absurdes qui réveilleraient les zygomatiques de n'importe quel spectateur comme lorsque le docteur Frederick Frankenstein se rend compte que la bosse de son cher serviteur Igor ne cesse de changer de place. Son cinéma est vraiment la quintessence de la parodie fine et intelligente qui respecte toujours le modèle qui l’inspire. Ainsi, dans Frankenstein Junior, il reprendra la photographie en noir et blanc et les éclairages d'époque des classiques d’Universal de James Whale. Sa filmographie compte de nombreux chefs-d’œuvre comme Les Producteurs, Chienne de vie ou encore La folle histoire du monde. Mais l’homme a été également un producteur avisé qui prenait des risques avec des films d'auteur comme La Mouche ou Elephant Man.

Après avoir parodié dans les seventies le thriller hitchcockien dans La Grande Frousse ou le western avec Le Shérif est en prison, Brooks s’attaque dans les années 80 à un genre plus contemporain : le film de S.F. à la Star Wars. Sa Folle histoire de l’espace s’inspire ainsi principalement de la saga de Geroge Lucas. Cependant, d’autres longs-métrages cultes du cinéma d’anticipation sont moqués comme La planète des singes ou Alien grâce à un caméo de John Hurt en proie à nouveau à de gros problèmes gastriques. Afin de proposer une parodie techniquement fidèle à son modèle, Mel Brooks envoie une copie du scénario de La folle histoire de l’espace à Lucas qui sera amusé par le projet et acceptera de mettre à disposition les techniciens ayant oeuvré sur les aventures du jeune Skywalker.

Mais que raconte La Folle Histoire de l'espace ?

Aidé du sombre Casque Noir, le Président Skroob décide de s'emparer de l'atmosphère de la pacifique planète Druidia. C'était sans compter l'intrépide Lone Starr et son fidèle Barf, la princesse Vespa et son droïde Dot Matrix, et le mystérieux Yogurt, grand maître du "Schwartz"...

La Folle Histoire de l’espace n’égale jamais ses chefs-d’oeuvre passés comme Frankenstein Junior. Pour réussir une parodie parfaite, tout est question de timing et de rythme. Et pour l’une des premières fois de sa carrière, Brooks finit par nous lasser en voulant en faire des tonnes. Le film souffre ainsi de quelques baisses de rythme qui sont heureusement rattrapées par les pitreries de Rick Moranis dans le rôle de Casque Noir. Il est évident que le maître a voulu adapter son style aux goûts de son époque en s’inspirant du rythme haletant des réalisations des Z.A.Z. comme Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?. Il privilégie ainsi trop souvent la quantité de blagues au dépit de leur qualité. Pour autant, le film reste une excellente comédie où Mel Brooks multiplie les registres comiques avec une maestria que la plupart des réalisateurs du genre ne posséderont jamais. Ainsi on passe tour à tour d’un humour méta où les personnages s’adressent directement aux spectateurs à un registre purement burlesque avec les dégringolades de Rick Moranis. Enfin, Brooks n’hésite pas non plus à user de jeux de mots douteux avec un Jabba le Hutt qui devient dans cette parodie Pizza The hutt (en VO).

Quand on revoit le long-métrage en 2019, on est  frappé par la volonté de Mel Brooks de tirer à boulets rouges sur un cinéma mercantile obsédé par l'idée de vendre des produits dérivés. À ce titre, le réalisateur n’hésite pas à nous montrer du papier toilette où s’inscrit le titre en VO du film (Spaceballs). De la même manière, le cinéaste annonce l’évolution du système de distribution des films et s’avère visionnaire avec un Casque Noir qui découvre la VHS de La Folle Histoire de l'espace par l’intermédiaire d’un service de location qui ressemble beaucoup au Netflix d’aujourd’hui.

La Folle histoire de l’espace n’est pas la meilleure comédie de Mel Brooks. Pour autant, ce long-métrage est un divertissement plutôt efficace qui vous fera quand même bien marrer surtout si vous le regardez avec des potes. Une oeuvre qui vous donnera sans doute envie de découvrir ou redécouvrir la riche filmographie de son auteur.

Mad Will