Primé au festival du film policier de Beaune 2018, Une part d’ombre , premier long métrage du réalisateur belge Samuel Tilman, est un film policier haletant grâce à un scénario très bien mené qui tient le spectateur par le bout du nez.

La critique :

David (magistralement interprété par Fabrizio Rongione) et sa famille, se retrouvent avec des amis dans un chalet de montagne pour quelques jours. Lors d’un footing, lhomme croise la route d’une voiture dont la conductrice sera retrouvée assassinée. En tant que dernière personne ayant vu la victime vivante, le jeune père de famille est interrogé par la police. Celle-ci enquête sur le personnage et découvre dans sa vie certaines choses moralement répréhensibles qu’il s’efforçait de cacher, mais par ailleurs aucunement illégales.

Coupable ? Pas coupable ? Le metteur en scène ne nous conduirait-il pas vers un dénouement digne de L’insoupçonnable vérité ? Jusqu’au bout du bout du film, sans faille dans le scénario, sans switch, et sans Deus ex Machina, le spectateur est mené en bateau par le réalisateur. On est happé du début à la fin et on pardonnera ainsi volontiers les quelques maladresses de la mise en scène qui usent de procédés parfois trop minimalistes ou répétitifs.

De plus, et c’est ce qui en procure la profondeur, le film pose la question du regard sur les autres et de la confiance que l’on peut accorder à autrui. À notre époque où, par les réseaux sociaux, tout peut partir en vrille en quelques heures, cette analyse de « l’ère du soupçon » démontre que plus que jamais une société solide doit se construire sur des faits et non sur une « intime conviction » le plus souvent soufflée par un vent dominant.

Nous sommes donc plus en présence d’une étude naturaliste (au sens littéraire du terme) que d’un thriller psychologique, le réalisateur s’attachant à observer cet homme dans son milieu, et les réactions de celui-ci suite à un événement particulier. Une étude menée avec brio par un auteur à surveiller.

L.S.

La bande annonce :