Dune par Toto

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Dans les années 80, beaucoup de bandes originales ont été réalisées par des groupes de rock. La plupart du temps, le résultat n’est pas pas concluant. En effet, la composition d’une chanson de 3 minutes ne s’accorde pas avec la nécessité de créer des ambiances pour renforcer l’impact des images vues à l’écran.

Le groupe Toto est formé par les meilleurs musiciens de studios de l’époque. Il a pour membres : David Paich et Steve Porcaro aux claviers, Steve Lukather à la guitare, Mike Porcaro à la basse et enfin Jeff Porcaro à la batterie. Le groupe a également eu comme chanteur Joseph Williams (qui sera remercié avant de revenir presque 20 ans plus tard), le fils du légendaire compositeur de films John Williams.

Il est évident que le producteur du film a engagé le groupe suite au carton de l’album TOTO 4 qui contient deux tubes planétaires : Rosanna et Africa.  Pour autant, ne vous attendez pas à de la musique rock dans Dune. Le claviériste David Paich a composé pour le film, une oeuvre orchestrale qui a particulièrement bien vieilli et qui ne ressemble aucunement à leurs ballades habituelles. La bande originale est interprétée par l'Orchestre symphonique de Vienne sous la direction du chef d’orchestre Marty Paich, père de David et figure reconnue du jazz. David Paich sera aidé par Brian Eno qui écrira un titre : le Prophecy Theme.

Main Title

Un thème majestueux et envoûtant à la fois simple et efficace. Nous sommes ici entre le Lauwence d’Arabie de Maurice Jarre pour l’ambiance et le Conan de Basil Poledouris  avec cette musique qui devient de plus en plus épique. À noter une intégration remarquable de la guitare à la fin du morceau. Elle accompagne les cordes sans jamais dénaturer le caractère symphonique de l’ensemble.

Trip to Arrakis

Le morceau Trip to Arrakis est une oeuvre mélancolique. David Paich et les autres membres de Toto nous offrent de belles compositions qui sont très riches mélodiquement et témoignent d’un bagage musical qui va bien au-delà du rock.

Lynch a toujours défendu le travail de Toto alors que Dune reste un souvenir douloureux pour lui. De la part d’un connaisseur et d’un musicien tel que lui, son respect pour le travail de Toto et de son claviériste David Paich est à souligner. Presque intégralement symphonique, la bande originale compte deux morceaux plus orientés pop. Nous avons tout d’abord le Desert Theme avec ses synthétiseurs qui entament un dialogue avec la guitare de Steve Lukather et la batterie de Jeff Porcaro. La composition est dans la même couleur musicale que les titres plus symphoniques et s’intègre très bien à l’ensemble de l’album.  En musique de générique, nous retrouvons le morceau Take my hand qui mêle la pop et musique symphonique. Ce titre ressemble à du Eric Serra, mais en beaucoup plus harmonieux et moins daté.

Toto signe ici son plus bel album et l’un des classiques de la bande originale des années 80. Une oeuvre qui fait regretter que David Paich n’ait pas continué dans la musique de film.

Hellraiser 2 par Christopher Young

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Quand le groupe Coil chargé de la bande-son est viré par la production du film Hellraiser, Christopher Young est appelé à la rescousse. L’homme se prépare à composer une bande originale atonale et très percussive qui est la norme dans le cinéma d’horreur d’alors. Le réalisateur Clive Barker va lui demander tout l’inverse. Il veut un accompagnement plutôt symphonique et évoque une musique romantique pour illustrer son histoire  gore et SM. Le musicien s'exécute et signe une partition mémorable.

Sur le deuxième volet d’Hellraiser, il est nanti de moyens plus importants et signe son chef-d’oeuvre. Il recourt ainsi à une section cuivre titanesque qui donne une puissance phénoménale dès l’ouverture du film. Il utilise également des choeurs qui donnent un aspect religieux à sa musique. Un choix plutôt pertinent quand on sait que dans ce 2ème volet, nous partons en enfer. La musique crée des ambiances feutrées en recourant aux flûtes et aux violons. Elle ne cherche pas à faire sursauter les spectateurs comme trop souvent dans le cinéma d’horreur.

Que ce soit pour ses images dantesques ou sa musique, ce Hellraiser 2 est à revoir absolument.

Candyman par Philip Glass

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Candyman est un chef-d’œuvre qui marqua grand nombre de fans de fantastiques. Le talentueux et trop sous-estimé Bernard Rose y créait une ambiance unique et mortifère grâce à sa mise en scène de haut niveau, réalisant l’un des derniers grands films d’horreur pour adultes. Ce drame mélancolique où le fantastique se faisait social n’aurait pas été le même sans la musique de Philip Glass, l’un des grands noms de la musique minimaliste américaine. Ses compositions se basent sur des structures répétitives qui, juxtaposées, créent des mélodies. L’homme a été considéré comme l’un des plus grands musiciens de son temps par la critique américaine avec son Einstein on the Beach (1974). Il a commencé la musique de film avec le Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio où il nous offrait une bande-son d’exception dont certains titres ont été repris dans leWatchmen de Zack Snyder.

Music Box

Le premier titre nous introduit le thème principal à l’aide d’un glockenspiel (un xylophone qui sonne comme un carillon) et d’un célesta (entre le piano et la percussion) dont la sonorité rappelle les boîtes à musique. La mélodie est vraiment magnifique et donne la chair de poule.

Floating Candyman

Ce Floating Candyman commence avec un piano puis dans une seconde partie c’est un orgue qui joue des basses profondes pendant que des choeurs majestueux résonnent. Le film est une variation autour de La belle et la bête que Glass traduit très bien en musique.

La musique de Candyman est à l’image de son compositeur qui a su aussi toucher le grand public et les amoureux de la musique savante, avec des oeuvres sophistiquées et mélodiques. Cette bande originale est une parfaite introduction à sa discographie que je vous invite à écouter et réécouter.

Star Trek par Jerry Goldsmith

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Une magnifique bande originale !
Jerry Goldmisth a été un dieu de la musique de film, qui signa des scores mémorables pour Basic Instinct ou La malédiction. Il fut  tout simplement l’un des compositeurs majeurs du cinéma mondial. Son approche de compositeur était en rupture avec la musique classique de film à Hollywood qui voulait que l’on suive exactement les images à l’écran. Il s’amusait ainsi à créer d’infimes dissonances par rapport aux suites mélodiques classiques en ne respectant pas le rythme des images.

Ilia's Theme

Star Trek commence par ce morceau romantique qui est très riche d’un point de vue mélodique. Robert Wise était tellement fan du titre qu’il a souhaité l’utiliser pour ouvrir son long-métrage alors que celui-ci était un thème qui arrivait plus tard dans le film.

Main Titile

Il aurait été écrit à la demande de Wise qui s’étonnait de ne pas trouver de thème principal dans le film. Goldsmith nous propose ici une musique inspirée des marches militaires avec une suite d’accords majeurs qui donne de l’élan et une note positive au morceau.

Goldsmith a créé sa musique à partir de séquences qui ne comportaient pas les effets spéciaux qui avaient pris beaucoup de retard. Il a ainsi dû faire preuve d’une grande imagination pour concevoir son oeuvre musicale. Une bande originale digne des Star Wars de John Williams qui mériterait d’être plus connue du grand public même si elle a gagné depuis longtemps le coeur des cinéphiles épris de musique.

Les Demoiselles de Rochefort par Michel Legrand

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Finissons en beauté cette sélection avec Michel Legrand, notre représentant français de la musique de film. Vous vous dites que votre Mad Will défenseur de la série B et du cinéma d’horreur est devenu fou en citant un film de Demy ! Mais franchement comment résister à la bande originale des Demoiselles de Rochefort qui est fortement influencée par le jazz?

Nous voyageons de ville en ville

Des cuivres et une guitare, cette chanson joyeuse est portée par un groove jazzy à l’efficacité redoutable. Legrand devait composer des musiques à partir des textes en alexandrins de Demy. Il a fait un boulot titanesque pour déconstruire et réorganiser les paroles afin de faire varier les mélodies. Il arrive ainsi à faire sonner le français comme la langue anglaise pourtant plus musicale grâce aux accents toniques plus prononcés.

Andy amoureux

Le lyrisme est une constante de nombreuses compositions de Michel Legrand qui aimait tant citer la musique baroque avec l'usage du clavecin. Andy amoureux est digne d’une symphonie avec ces envolées pianistiques qui répondent aux arabesques des ballets filmés par Demy.  À noter le jeu exceptionnel de Legrand au piano qui témoigne d’une technicité hors pair.

Maitre des harmoniques, multiinstrumentiste surdoué, Legrand est définitivement l’un des plus grands musiciens français. il a réussi dans Les Demoiselles De Rochefort à créer une partition musicale qui n’a rien à envier aux classiques de la comédie musicale américaine.

MAD WILL