Les trésors de Mad Will… C’est une sélection de petites perles du cinéma de genre que je souhaite vous faire découvrir ou redécouvrir.
Cette semaine je vous propose 5 nouveaux titres Cabal  de Clive Barker, À mort l'arbitre de Jean-Pierre Mocky, Abattoir 5 de George Roy Hill, Alice ou la Dernière Fugue  de Claude Chabrol, et enfin John dies at the end de Don Coscarelli.

Cabal de Clive Barker

Cabal est une œuvre unique, une rencontre inattendue entre le cinéma de Tod Browning et l’univers sadomasochiste du film Hellraiser. Son réalisateur Clive Barker a développé un univers mythologique complexe témoignant d’un goût pour l’occultisme et le mysticisme. Écrivain reconnu, il a signé trois films en tant que réalisateur : Hellraiser, Cabal et Le Maître des illusions. Des expériences qui ne se passeront pas forcément bien.  Le Maître des illusions sera amputé de 20 minutes tandis que Cabal sera remonté par la production sans son accord.  Barker voyait Cabal comme une sorte de Seigneur des anneaux version horrifique alors que ses producteurs voulaient un simple film d'épouvante avec un tueur masqué. Ils vont donc refaire le montage en se concentrant sur le personnage du détraqué joué par David Cronenberg. Cabal sera un échec à sa sortie. Malgré un montage qui a échappé à son réalisateur, c’est un film en l’état passionnant, mais à la construction parfois bancale.

On critique souvent le Web qui serait peuplé seulement de rageux et de dangereux psychopathes. Pourtant c’est Internet qui va nous donner l’occasion de découvrir un nouveau montage du film.  Tout a commencé avec l’évocation sur la toile d’une copie de travail de Barker. D’une qualité douteuse à la limite du VHS, ce montage va être diffusé dans de nombreux festivals, dont le PIFFF à Paris. Grâce à la pression des fans sur Internet, Baker va pouvoir récupérer les rushs de son film et proposer un nouveau montage disponible en DVD Zone 1, intitulé Nightbreed : The Director’s Cut.

Ce nouveau Cabal propose des personnages beaucoup plus développés, plus adultes. L’histoire d’amour est mieux écrite, nous avons en effet le droit à une jolie variation du mythe d'Orphée et Eurydice. Mais surtout dans ce montage, ce sont bien les monstres les vedettes, et non le tueur au masque. Même si le film est parfois trop riche et souffre d’une réalisation inégale, il est avant tout une merveille de fantaisie et un plaidoyer bouleversant pour la différence.

Je vous invite vraiment à récupérer le long-métrage dans la version voulue par le réalisateur pour apprécier pleinement ce petit joyau du cinéma fantastique.

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=gKXnT8FVleY

Le DIRECTOR'S CUT en DVD : https://www.amazon.fr/Nightbreed-Directors-Cut-Blu-ray-anglais/dp/B00LMBUR6S/ref=sr_1_2?s=dvd&ie=UTF8&qid=1540282473&sr=1-2&keywords=nightbreed

À mort l'arbitre de Jean-Pierre Mocky

Le film de Mocky est une petite pépite du cinéma de genre français. Le réalisateur français trop souvent sous-estimé met en scène un arbitre poursuivi par un supporter fou furieux qui lui reproche de n’avoir pas sifflé un penalty. Bien aidé par un Serrault en totale roue libre, Mocky dénonce la bêtise des supporters et critique le comportement des hommes lorsqu’ils agissent en groupe. Il utilise comme décor des villes nouvelles comme Noisy-le-Grand qui font parfois ressembler À mort l’arbitre à un film de science-fiction. Mocky arrive à allier une certaine efficacité héritée du cinéma américain avec un discours social et politique engagé. Une chasse à l’homme à redécouvrir qui rappelle le Zombie de Romero avec son centre commercial.

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=iSV-Elk6QQA

Le film en VOD : https://www.canal-vod.com/Cinema/9982-a-mort-l-arbitre

Abattoir 5 de George Roy Hill

Abattoir 5 a obtenu le prix du Jury à Cannes en 1972. Ce film est signé par George Roy Hill, connu pour Butch Cassidy et le Kid et L'Arnaque. Malgré ce prix et son réalisateur oscarisé, cette adaptation du roman de Kurt Vonnegut a disparu pendant longtemps des radars de la cinéphilie.  Abattoir 5 est un film radical qui mêle strates temporelles et genres cinématographiques (merveilleux, comédie, film de guerre, satire sociale, science-fiction avec des extraterrestres…). Le film traite entre autres des bombardements alliés de Dresde, et propose une vision non-idéalisée des USA. Cette réalisation est un habile mélange entre le Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais, le brulot politique à la Peter Watkins et la vision d’une certaine Amérique à la Forrest Gump. Le film aurait pu s’avérer être un exercice prétentieux, une œuvre trop arty, un enchevêtrement narratif pop qui aurait nécessité une forte dose de stupéfiant pour être accessible mais ce n’est jamais le cas. En effet, ce serait oublier que George Roy Hill est un humaniste guidé par le souci de livrer une fable universelle dénonçant les horreurs du passé pour nous aider à construire un avenir meilleur.

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=EvjFg49x_1I

Le film en VOD : https://www.amazon.fr/dp/B004QJLCR6/ref=asc_df_B004QJLCR61540123200000/?tag=allo0f4-21&creative=22686&creativeASIN=B004QJLCR6&linkCode=df0

Alice ou la Dernière Fugue  de Claude Chabrol

Cette réalisation est la plus méconnue du réalisateur du Beau Serge. Pourquoi ? La raison est simple : Alice ou la dernière fugue est un film fantastique qui met en scène Sylvia Kristel connue pour le rôle d’Emmanuelle. Pour les critiques et le public, le cinéaste rompait trop brutalement avec une cinématographie portée vers le policier et la critique sociale. Le film est un immense labyrinthe peuplé de personnages étranges où les reflets des miroirs qui entourent l’héroïne nous interrogent sur son identité. Le cinéaste crée une réalité alternative qui ressemble au premier abord à la nôtre, mais dont les repères s’effacent au fur et à mesure. Chabrol prend plaisir à plonger l’héroïne de Lewis Caroll devenue adulte dans un univers macabre à la Edgar Allan Poe avec une Sylvia Kristel parfaite dans son rôle. Malheureusement, le fauteuil en rotin d’Emmanuelle sera une malédiction pour elle, la cantonnant aux films dénudés pour le reste de sa carrière. Une étrangeté dans la lignée de Carnival of souls, qui s’avère indispensable pour les amateurs d’onirisme.

Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=gJTKfcBwsxQ

Le film en VOD : https://www.amazon.fr/dp/B000BU9EHO/ref=asc_df_B000BU9EHO1540123200000/?tag=allo0f4-21&creative=22686&creativeASIN=B000BU9EHO&linkCode=df0

John dies at the end de Don Coscarelli

Don Coscarelli a toujours été un rebelle au sein de l’industrie cinématographique américaine qui ne lui a jamais donné les moyens de ses ambitions malgré le carton de son film d’horreur Phantasm dans les années 70. Incapable de se tenir à un genre, son cinéma mixe horreur, aventure, fantaisie et drame. Malheureusement au cours des années, sa créativité s’est faite de plus en plus rare sur les écrans malgré quelques perles comme Bubba Hot-tep qui mettait en scène Bruce Campbell en Elvis vieillissant affrontant une momie dans un hospice. `

Dans cette adaptation d'un roman de James Wong, on retrouve son style haletant, son goût pour l’absurde avec des inventions visuelles à chaque plan et ce, malgré un budget qu’on imagine réduit. En dépit de l’aspect « Bric à Brac» d’influence et d’univers divers, l’intelligence du scénario réside dans le fait que le réalisateur s’acharne à crédibiliser et rendre réelles des situations qui devraient nous laisser perplexes. John dies at the end, c’est du Lynch mais version Burger qui n’oublie jamais de vous distraire. Encore une belle réussite pour Don Coscarelli le franc-tireur de la série B !  

La bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=IfJp417dyig

Le film en DVD : https://www.amazon.fr/dp/B00KTMWFJS/ref=asc_df_B00KTMWFJS1540123200000/?tag=allo0f4-21&creative=22686&creativeASIN=B00KTMWFJS&linkCode=df0

Mad Will