Les Hannas de la réalisatrice Julia C. Kaiser est un film éblouissant. D’une part pour sa forme, car la réalisatrice fait preuve d’une vision esthétique poussée de l’image cinématographique, utilisant lumières, teintes et effets à bon escient, et crée une bande son qui ressemble parfois à celle de Sound of noise, film culte sur l’utilisation des bruits en musique. D’autre part sur le fond de l’histoire. La réalisatrice commence par nous perdre un peu, à dessein, car la forme rejoint totalement le fond. Le spectateur est très rapidement pris dans le maelström des sentiments des personnages dont les traits sont filmés en gros plan, le film débutant d’ailleurs sur des images macro de la peau de patients qu’Anna est en train de masser. Mais le film ne s’arrêtera pas aux apparences, la réalisatrice décide visiblement de creuser l’essence humaine. Nous avons affaire à Anna (Anna König), donc, et à Hans (Till Butterbach) son compagnon de 15 ans, puis Kim (Julia Becker) et Nicola (Ines Marie Westernströer) deux jumelles. Nous suivrons aussi l’histoire d’un autre couple Lisa (Anne Ratte-Polle ) et Florian (Christian Natter), Lisa étant la patronne de Anna et Florian un grand ami de Hans. Nicola travaille dans un restaurant vegan et Kim est coach d’un genre un peu particulier. (Elle joue au chasseur et au gibier avec ses clients, je ne vous dis que cela). La vie de ces personnages va se tisser ou plutôt s’entrelacer pour nous offrir un superbe exposé sur la vie. Ce film parle de sexualité, de relations humaines, d’éducation, de psychologie, mais tout cela sans que l’on ait l’impression d’un film fourre-tout, ou à thèse, ou que la réalisatrice veuille en faire trop. Au contraire tout se déroule logiquement (enfin, dans une logique d’histoire). Il n’y a pas un fait inutile, tout a du sens. Bref une prouesse à la fois cinématographique et scénaristique. On ne peut dire si le film finit « bien » ou « mal ». Ce film est la vie, à chacun selon son caractère, optimiste ou pessimiste, selon sa propre morale, de tirer une ou des leçons du film ou pas, car ce film se suffit amplement à lui-même.

Ce film mérite mieux qu’un coup de chapeau. On aime tellement les personnages que l’on retournerait volontiers le revoir une, deux, ou plusieurs nouvelles fois. Ne manquez pas ce film qui finit l’année en feu d’artifice !

L.S.