Monsterz est un film de monstres signé Hideo Nakata qui prend tout son sens si l’on s’intéresse avant tout à la caractérisation des personnages. En effet, ce long-métrage nous montre que malgré un traumatisme en commun lié à leur père, nos deux super-héros ont pourtant suivi des trajectoires bien différentes.

Le film est disponible sur E-cinema.com : https://www.e-cinema.com/film/monsterz

 

 

La critique :

MonsterZ, comme son nom l’indique, est un film de monstres. C’est également un long-métrage de super-héros qui oppose deux êtres aux convictions morales opposées. Du côté obscur, nous avons le personnage joué par Takayuki Yamada qui a le pouvoir de se faire obéir d’autrui par le simple regard. Il se sert de ses dons pour forcer les gens à lui donner son argent ou par simple jeu. Cependant, un jour, un jeune homme, Shuichi Tanaka, (Tatsuya Fujiwara) ne lui obéit pas. Ce sera le deuxième monstre, celui du côté solaire. Yamada le « monstre à tee-shirt noir » cherchera alors à éliminer Shuichi et son tee-shirt orange, quoiqu’il en coûte.

 

 

Réalisé par Hideo Nakata, (Ring 1997), MonsterZ est le remake d’une œuvre coréenne, Haunters, seule réalisation du producteur Min-Suk Kim. Le film s’appuie sur un casting solide où Tatsuya Fujiwara (Battle Royale) côtoie Satomi Ishihara alors que résonne la magnifique musique de Kenki Kawai (Ghost in the shell) à l’écran. Avec une telle équipe,  ce long métrage semble né sous de bons auspices. Pourtant, si l’on se limite aux apparences, MonsterZ avec son combat entre les forces du bien et celles du mal, n’a pas grand intérêt, surtout que le scénario traine en longueur et que certaines actions des protagonistes sont totalement illogiques.

 

Mais l’intérêt du film se situe ailleurs. À mes yeux il est même double. Le premier réside dans le traitement de la dualité des personnages, dont on apprend à connaître les points communs au fur et à mesure du film. Le bien et le mal ne viendraient pas du patrimoine génétique et autre mutation mais bien de la volonté intrinsèque de chaque individu à utiliser ses capacités d’une façon égoïste ou altruiste. En effet, si les deux opposants ont vécu un traumatisme assez semblable au même âge, leur trajectoire de vie a été différente. Les dialogues entre ces deux « super-héros » prend alors un tour presque psychanalytique, chacun des deux pouvant être le reflet de l’inconscient de son alter ego. D’où l’intérêt d’un scénario à priori hors de toute logique : ce qui est important c’est ce qui est dit, car côté action rien de nouveau sous le soleil. Cela fait que ce film est porteur d’une vraie réflexion sur les thématiques du deuil, de la culpabilité, de la transmission, et d’une façon générale de notre responsabilité sociale.

Le second intérêt est purement cinématographique. En effet  Hideo Nakata joue avec brio avec la grammaire de l’image. Certaines scènes, la plus emblématique étant celle de l’amphithéâtre, sont à couper le souffle. Tant dans l’utilisation de l’espace , du cadrage que dans la gestion des mouvements des personnages, nous percevons une grande précision qui fait parfois défaut au scénario. D’autre part nous pouvons admirer aussi l’utilisation d’effets d’optique et un savant jeu des couleurs, prouvant qu’un film n’a pas toujours besoin d’effets spéciaux dispendieux pour frapper l’œil du spectateur.

Finalement, un film pas désagréable à regarder même s’il ne s’agit pas du meilleur de l’auteur.

Laurent Schérer

Le film est disponible sur E-cinema.com : https://www.e-cinema.com/film/monsterz

La bande-annonce :