Michel-Ange , Le nouveau long métrage d'Andreï Konchalovsky, est très certainement l’un des meilleurs biopics vus en salles. Le cinéaste nous dresse ici le portrait puissant d'un homme tourmenté, mais amoureux de son art, dans un long-métrage qui ne s'oublie pas.

La critique :

Le génial Andreï Konchalovsky veut dans son nouveau film faire ressentir au spectateur ce que sont les affres du génie. Devant sa caméra,  son Michel-Ange est ainsi tiraillé entre son art, son besoin d’argent, et les pressions des puissants. Extrêmement précis dans sa reconstitution historique et plutôt fidèle aux éléments biographiques qui nous sont parvenus, il va jusqu’à choisir un acteur ressemblant aux portraits que nous connaissons du peintre né à Rome.

Ce cadre très précis permet ainsi à Konchalovsky d’exposer et même de comprendre les doutes et les croyances d’un homme qui, rappelons-le, est loin d’avoir achevé toutes ses œuvres.

Alberto Testone, dont il faut souligner la performance hors du commun, incarne un homme entièrement obsédé par son art, égocentrique, donc, mais dont l’excès sert à merveille le talent. L’acteur fait admirablement ressortir la puissance du génie à l’œuvre et son amour de la matière sur laquelle il travaille. Louvoyant entre les désidératas des familles Della Rovere et Médicis, alternativement au pouvoir et commanditaires de ses œuvres, il n’hésite pas à promettre l’impossible à chacune afin de pouvoir entreprendre ce qu’entrevoit son imagination fertile, au risque de se retrouver dans une impasse dont il devra se sortir par des promesses qui l’obligerons à abattre encore plus de travail. Nullement gêné par le côté pharaonique de ses projets, il devra néanmoins se résoudre à l’inachèvement de celles-ci et donc à l’échec, ce qui a des conséquences sur son psychisme.

Michel-Ange est également un film politique qui retrace une période historique où l’homme compte peu, que ce soit le créateur à qui l’on demande l’impossible ou l’ouvrier pour lequel l’accident est monnaie courante.

Enfin,  on se demande si le film n’est pas autobiographique. En effet, Konchalovsky fut  bridé dans ses envies, en premier lieu par la censure soviétique et ensuite par les exigences financières des producteurs américains. Mais l’essentiel est dans le portrait de cet homme amoureux de son art que le réalisateur a su si bien rendre.

Un long-métrage que l’on n’oublie pas.

Laurent Schérer

La bande-annonce :