Le documentaire de Jean Boiron-Lajous Paroles de bandits est un film profondément humaniste sur les combats des habitants de la vallée de la Roya en soutien à des hommes, femmes et enfants qu'ils logent, nourrissent et soignent, faisant ainsi honneur aux valeurs humaines. Jamais la question "Mais dans quel monde vivons-nous ?" ne semble avoir été si actuelle.

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La critique :

Film documentaire de Jean Boiron-Lajous, Paroles de bandits dresse tout à la fois le portrait des habitants de la vallée de la Roya, et des personnes qui y passent dans l’espoir d’une vie meilleure. Contrairement à Libre de Michel Toesca qui prenait comme sujet principal la personne de Cédric Herrou, Paroles de bandits nous offre une vision plus globale des habitants de la vallée et des migrants de passage par le village de Saorge .

Cette vision élargie permet de mieux appréhender une situation le plus souvent incompréhensible si l’on se tient à hauteur d’homme. En effet, retenir dans cette vallée ces migrants n’est pas juste juridiquement, car nous sommes sur le territoire français. Mais surtout, cette solution abjecte d’un point de vue humain n’a pas la moindre utilité. En effet, peu importe le nombre des forces de l’ordre, les migrants finiront par passer. De la même façon que L’héroïque Lande, le film prégnant de Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval tourné en 2016 à Calais démontrait l’absurdité des mesures pour contrer la volonté de femmes et d’hommes d’aller vers l’Angleterre, Paroles de bandits repose trois ans plus tard la même question : « à quoi tout cela sert-il ? ».

Par l’intermédiaire de son représentant, le préfet des Alpes-Maritimes, il est clair que l’objectif ici de l’État est de faire de la communication politique afin de ne pas laisser à l’extrême droite le monopole de la xénophobie. Le film nous rappellera ainsi que le préfet a été condamné plusieurs fois par le tribunal administratif pour reconduite de mineurs à la frontière. Quid d’un système qui ne respecte pas ses propres lois ?

Le réalisateur nous offrira de superbes images de cette vallée de la Roya, laissant la caméra frôler les montagnes, adoptant ainsi un double regard, d’abord l’émerveillement face à des paysages sublimes, mais couplé avec un sentiment d’enfermement, traduisant ainsi le sort de migrants bloqués pour un temps aux limites de l’espoir d’une vie digne.

Laurent Schérer

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La bande-annonce :