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Evil Dead 3 marque le retour de Sam Raimi à sa saga fétiche. Grâce au succès des aventures de son super héros Darkman au cinéma, il a enfin obtenu un budget conséquent pour mettre en images son Evil Dead au moyen âge. Pour ce troisième opus coproduit par la major Universal, Raimi tourne définitivement le dos à l’horreur et inscrit son film dans le registre du long-métrage d’aventures. Il envisage encore une fois Scott Spiegel comme coscénariste, mais celui-ci se dédit pour aller écrire La Relève pour Clint Eastwood . Il fait alors appel à son frère Ivan avec lequel il avait déjà collaboré sur Darkman . Le script est validé et le tournage se déroule dans une bonne ambiance malgré les conditions climatiques difficiles dans le désert de Mojave et les dépassements de budget lié aux très nombreux effets spéciaux à gérer sur le plateau.

Si le tournage sous la supervision de De Laurentiis fut une expérience plutôt positive, le montage va devenir un véritable enfer pour Raimi qui subit la pression du studio Universal qui ne cesse de vouloir remonter le film et refuse catégoriquement la fin tournée par le réalisateur. Des reshoots sont alors demandés par la major qui accepte de les financer à une seule condition : les droits des romans de Thomas Harris autour d’Hannibal Lecter (Le Silence des agneaux...) que possèdent De Laurentiis. Un chantage qui va faire perdre du temps au film. Raimi et certains membres de son équipe rognent alors sur leurs dividendes pour financer les nouvelles prises de vues. Le film avec sa nouvelle fin et amputé de quinze minutes sort aux USA avec un an de retard et ne sera pas un succès.

Evil Dead 3 : l’armée des ténèbres est important dans la carrière de Raimi. En effet, c’est un long-métrage de transition où le cinéaste apprend à composer avec les desiderata des studios qui ont de nombreuses exigences quand il s’agit du cinéma grand public. Il faudra de nombreux films comme Mort ou vif ou Un plan simple pour permettre à Sam Raimi d’être accepté par les majors qui n’apprécient les cinéastes aux univers trop singuliers.

Que raconte le film ?

Travailler dans un supermarché peut réserver bien des surprises. Ash n'a pourtant guère le temps de méditer cette découverte. En effet, une force maléfique vient de le projeter en Angleterre, aux temps héroïques du roi Arthur. Aussitôt capturé, il est jeté dans un puits qu'occupe une créature monstrueuse qu'il parvient heureusement à éliminer. Il est donc remis en liberté et trouve quelque consolation dans les bras de la douce Sheila. Il souhaite cependant regagner son siècle. Il s'y emploie et arrache sans précaution le «Livre des morts», dans le cimetière maudit. Une armée de squelettes assiège bientôt le château tandis que son double maléfique s'empare de Sheila...

Dans ce nouveau volet d’Evil Dead , Raimi s’inspire du cinéma d’aventures peuplé de créatures fantastiques de Ray Harryhausen . Ainsi, le film rend hommage à ce grand magicien des effets spéciaux à travers une armée de squelettes qui renvoie à Jason et les Argonautes . En grand cinéphile, Raimi cite également un autre film du père de l’animation image par image quand il met en scène l’attaque dans le moulin du héros par ses doubles miniatures à la manière du long-métrage Les Voyages de Gulliver.

Quant à l’histoire de L’armée des ténèbres , elle reprend certaines idées du roman Un Yankee à la cour du roi Arthur de Mark Twain.  Adaptée au cinéma en 1949 par Tay Garnett, cette oeuvre humoristique est un classique de la littérature outre-Atlantique où un Américain moyen du 19ème se réveille après un coup de tête et se retrouve inexplicablement transporté à l'époque du roi Arthur.

Le film est vraiment truffé de références comme cette formule magique que doit répéter Ash et qui est tirée du Jour où la terre s'arrêta de Robert Wise. Il faut donc voir Evil Dead 3 comme une oeuvre somme du fantastique où Raimi construit son univers à partir de multiples références à la manière d’un Quentin Tarantino.

Ce troisième volet des aventures de Ash au pays des monstres est vraiment réjouissant. Le cinéaste nous offre ici des aventures distrayantes tout en continuant à expérimenter en usant d'effets de transparences désuets alors même que Jurassic Park triomphait sur les écrans .

Malheureusement le grand public ne se déplacera pas pour les aventures d’Ash et ignorera même le film suivant de Raimi, l’excellent western Mort ou vif où il mixait Sergio Leone et les cartoons à la Bip Bip et Coyote. Trop hystériques, fourmillant d’idées visuelles, ces films étaient bien trop personnels pour les majors et un public habitué aux univers plus consensuels d’un Spielberg . Il faudra que Sam Raimi passe par le cinéma indépendant et propose des longs-métrages plus classiques en matière de prise de vue tels qu’Un plan Simple, pour qu’il accède à la réalisation de blockbusters comme les Spider-Man .

En attendant un hypothétique Evil Dead 4, sortez les bières et les pizzas et régalez-vous devant cette comédie fantastique bien fendart qu’est Evil Dead 3 : l’armée des ténèbres .

Mad Will