Mention du Jury au festival d'Annecy 2019, Buñuel après l’âge d’or sort en salles aussitôt après la fin du festival. Un film à découvrir sans tarder !

La critique :

Nul besoin d’être grand cinéphile ou spécialiste du surréalisme pour suivre cette adaptation du roman graphique de Fermin Solis Buñuel dans le labyrinthe des tortues. Buñuel après l’âge d’or est un film d’animation de Salvator Simo qui dresse le portrait d’un artiste engagé, en 1932, et qui deviendra le grand réalisateur que l’on connaît.

Préférant le dessin à la reconstitution historique, Salvator Simo, pour ce « making-of animé » ne s’empêche pas néanmoins d’insérer des images du film fini afin d’illustrer mieux encore la façon de travailler de Luis Buñuel. Adoptant les pratiques du maitre, Salvator Simo souhaite faire percevoir à son spectateur l’esprit de Buñuel après le choc provoqué par sa précédente réalisation, L’âge d’or. Car il ne faut pas l’oublier, parlant d’un surréaliste, une reconstitution historique aurait fait jurer la forme et le fond.

Sans l’argent nécessaire pour réaliser le nouveau film qu’il aurait souhaité tourner, Terre sans pain, un documentaire sur une région délaissée et extrêmement pauvre d’Espagne, les Hurdes, Buñuel s’en ouvre à son ami sculpteur Ramon Acin qui lui promet de l’aider si la chance lui sourit. Et c’est par un coup du sort, au sens propre du terme puisque c’est grâce à un billet gagnant de la loterie du 22 décembre 1932, que le film pourra voir le jour.

Nous suivons donc Buñuel et ses complices dans Les Hurdes, bien décidés à filmer la matière de Terre sans pain. Nous découvrons avec eux la misère absolue de cette région d’Espagne, et le choc que cela a provoqué chez ces citadins. Buñuel ne voudra pas représenter la réalité, telle qu’elle serait montrée dans un reportage, mais, en tant que surréaliste, il veut en frapper les esprits des spectateurs. S’appuyant sur une thèse de 1927 de Maurice Legendre, un médecin qui a étudié cette région sur presque 20 ans, il n’hésite pas à provoquer des scènes voire à les reconstituer. C’est pourquoi l’humanisme du créateur transcende son œuvre et nous apparaît plus de 80 ans après, dans ce qui nous en est rapporté, comme un document intemporel et universel.

Menant la vie dure à son producteur, son assistant, et son chef opérateur, Buñuel ne renoncera jamais malgré les nombreuses embuches qui se dressent contre son film. Il réussira finalement à le terminer et à le présenter. Malheureusement pour lui et pour les cinéphiles, le film sera censuré par le gouvernement espagnol jusqu’en 1976.

Salvator Simo, en relatant cette période de la vie de Luis Buñuel aura réussi à nous faire passer 80 minutes instructives et agréables, nous donnant l’envie d’en savoir plus.

L.S.

La bande annonce :