À l’occasion de la sortie du dernier film de Quentin Dupieux Daaaaaali!, nous vous invitons à (re)découvrir au cours de la semaine quelques autres films de ce réalisateur. Aujourd'hui  : Au poste !, film dans lequel Quentin Dupieux envoie paître les conventions narratives pour nous offrir une comédie courte mais intense, soigneusement écrite et qui joue avec le langage. Un film porté par des comédiens au meilleur de leur forme.

Pour voir Au poste ! depuis votre canapé : Accès au film.

La critique :

Entre quatre murs bétonnés du siège du PCF de Colonel Fabien transformé par Quentin Dupieux en commissariat de police, Fugain (Grégoire Ludig avec une belle moustache à la Magnum) est interrogé par le commissaire Buron (Benoît Poelvoorde ) à propos d’un cadavre retrouvé. Le pauvre Fugain semble avoir été au mauvais moment au mauvais endroit et malgré l’attente et la faim qui se profile, il ne coupera pas à l’interrogatoire interminable du commissaire.

L'enquête, Dupieux s’en contrefiche et l’utilise comme prétexte à des dialogues comiques et absurdes dont il a le secret : « c’est la première fois que je voyais un cadavre », confie l’accusé, « alors comment saviez-vous que c’en était un ? » rétorque le flic. Le film devient un match de répliques entre les deux hommes, qui peuvent être interrompus par Philippe, le lieutenant borgne (Marc Fraize ) à qui il arrive un malheur, ou Fiona, sa femme à l’accent du Nord qui le cherche désespérément (Anaïs Demoustier ).

Dix ans après Steak, Quentin Dupieux , également connu sous le nom Mr. Oizo, revient à une production totalement française pour y exploiter pleinement sa langue natale. Au poste ! est un film soigneusement écrit qui joue avec le langage (« gardez un œil sur lui » dit Buron à son collègue borgne) et qui en fait aussi une de ses thématiques. Buron est agacé par le tic de ses collègues qui ne cessent de ponctuer leurs phrases par « c’est pour ça », et discute l’absurdité de certaines expressions comme « changer d’air ». Bien que l’affiche du film soit inspirée de celle de Peur sur la ville, ici pas de courses poursuites dans le métro ni de cascades sur les toits de Paris, Poelvoorde et Ludig restent cantonnés au commissariat à échanger des bons mots.

De temps en temps, ils quittent le bureau pour s’aventurer dans la mémoire de Fugain qui raconte la nuit du crime. Une fois de plus, Dupieux envoie paître les conventions narratives et laisse les personnages du présent s’incruster dans les flash-back du faux-coupable et va jusqu’à se permettre dans un coup de théâtre final, une mise en abyme totale pour le spectateur. « La nuit va être longue » répète Buron. Pourtant le film est expéditif, 1h13, car Dupieux l’a bien compris, les plaisanteries les plus courtes sont souvent les meilleures.

Suzanne Dureau

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La bande-annonce :

 

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