Le film est disponible sur UniversCiné à l'adresse : https://www.universcine.com/films/belle-dormant

It’s a kind of magic chantait Freddy Mercury au sein du groupe Queen. On ne pouvait trouver meilleure introduction pour le délicieux Belle dormant d’Ado Arrietta sorti en janvier dernier.  Le film est un véritable O.M.N.I. (un objet magique non identifié) qui reprend la figure du conte de fées dans une esthétique proche des surréalistes. Aucune inquiétude pour les allergiques à La reine des neiges, nous sommes très loin des chansons ennuyeuses et calibrées à la Beyoncé et des personnages de chez Disney pensés pour être vendus à Toys"R"Us.

Poétique et enchanteur, Belle Dormant est l’un de mes coups de cœur de l’année 2017. Voici ma critique totalement subjective et forcément passionnée écrite lors de la sortie du film au cinéma.

La Critique :

Il était une fois un cinéaste qui était né sur les terres enchantées du surréaliste Luis Buñuel et du dramaturge de l’illusion Calderón. La fée Lumière ainsi que le célèbre sorcier Méliès s’étaient penchés à sa naissance sur son berceau et avaient alors prononcé le mot magique : Cinéma. Depuis Ado Arrietta, joue au prestidigitateur, en apparaissant ou disparaissant à sa guise dans l’histoire du cinéma, s’incarnant parfois en muse pour Warhol ou pour Duras.

Qu’en est-il de son dernier tour : Belle Dormant ?

Ado possède une baguette magique : La caméra. Il est le maître des cadrages, créant à travers chaque plan, un univers cohérent où les rebords de l’image délimitent une fenêtre ouverte sur les royaumes de contes de fées. Chaque plan de Belle Dormant est une histoire racontée par la profondeur de champ, le déplacement du moindre des figurants, les objets disséminés à l’image et bien sûr par une extraordinaire photographie digne des maîtres flamands de la peinture classique.

Arrietta est aussi un grand directeur d’acteur ou plutôt, devrait-on dire, un admirable chef de ballet. Les déplacements de chacun de personnage répondent à une chorégraphie étudiée. L’acteur dans son film est en symbiose avec les images, se confondant avec elles. À ce titre, Agathe Bonitzer et Niels Schneider sont absolument parfaits. Sous l’effet des sortilèges d’Ado, ils se transforment littéralement en leur personnage sans avoir recours au psychologisme hérité de l’Actor’s Studio.

La beauté de son cinéma est cristallisée par la jungle qui enferme le château de Kent où doit se rendre le prince. Sans effets numériques coûteux, juste par le pouvoir de l’imagination et quelques trucages dignes du cinéma muet, le cinéaste nous transforme une banale forêt de banlieue parisienne en une terre de légende. La magie du cinéma est ici à l’œuvre grâce à la photographie, au cadrage, et l’interprétation de Niels. Devant l’écran, nous sommes convaincus d’être plongés dans la plus dangereuse des jungles surtout quand elle est hantée par la voix rauque d’Ingrid Caven la muse de Fassbinder.

Belle Dormant se joue des époques avec délice, les portables et les hélicoptères cohabitant avec les fées et les princesses. Le cinéaste nous rappelle du haut de ses 74 ans que le cinéma est un jeu pour grande personne où l’imagination n’est pas une valeur marchande pour parcs d’attractions.

La magie naît de notre regard d’enfant. L’adage populaire « l’âge est dans la tête » n’a jamais été aussi vrai que devant ce film.

Mad Will

Le film est disponible sur UniversCiné à l'adresse : https://www.universcine.com/films/belle-dormant