Jean-Gabriel Périot, lauréat d’un césar du meilleur documentaire pour Une Jeunesse allemande, dresse ici le portrait tout en nuance de la ville d’Hiroshima en traitant de la question de la mémoire par rapport à l’apocalypse nucléaire. Un film particulier dans sa forme qui mêle fiction et documentaire et qui envisage l’histoire comme une manière de mieux vivre le présent.

Le film est disponible en ce moment sur UniversCiné à l'adresse : https://www.universcine.com/films/lumieres-d-ete

La critique :

Ce film obéit au devoir de mémoire. Celui de nous rappeler les effets dévastateurs de la bombe atomique.

Une des personnes interrogées dans le film dit à propos de l’expulsion des habitants qui ont reconstruit leur maison où la bombe était tombée à l’emplacement du futur parc de la paix : « Aujourd’hui cette histoire a été oubliée, elle ne se raconte pas ». C’est bien cela que veut éviter Jean Daniel Périot en racontant l’horreur de l’explosion de la bombe larguée sur Hiroshima et ses suites. Témoigner des horreurs de la guerre n’est pas suffisant pour l’arrêter. Mais c’est le moins que l’on puisse faire. En effet, oublier équivaudrait à cautionner les crimes du passé et excuser ceux à venir.

C’est pour cela que le film commence par le témoignage bouleversant de Madame Takeda, rescapée de la bombe d’Hiroshima. Elle nous rappelle que les 200 000 morts de la bombe ne l’ont pas été d’un coup. Que si certains sont morts à la première seconde, la majorité a vécu d’atroces souffrances pendant des jours, des semaines, voire des mois avant de mourir.

Après ce témoignage essentiel, une étrange jeune fille nous guide dans le Hiroshima moderne entre les boutiques et les restaurants où la vie semble avoir complètement oublié la tragédie qui a eu lieu 70 années auparavant. Le chef d’un restaurant d’okonomiyaki (spécialité d’Hiroshima) ne dit-il pas qu’à notre époque, on peut tout oublier : « Aujourd’hui personne ne se rappelle l’horreur de la guerre (…) vous pouvez écouter et imaginer puis oublier tout ce que vous venez d’apprendre. »

La recette des okonomiaki a évolué au fil du temps et elle ne risque pas d’être omise, au contraire de l’histoire de l’apocalypse nucléaire dont a été victime l’archipel nippon. Ne faudrait-il pas mieux hiérarchiser nos priorités en matière de mémoire ?

Ce film a donc le mérite de nous rappeler 70 ans plus tard la vérité historique sur cette tragédie, d’une façon à la fois formelle par le témoignage d’une rescapée, et parfois onirique à la manière des récits japonais de fantômes.

Laurent Schérer

Le film est disponible en ce moment sur UniversCiné à l'adresse : https://www.universcine.com/films/lumieres-d-ete

La bande-annonce :

 

L'interview du réalisateur :