Mes amis(es), je vous propose aujourd’hui de partir dans les années 70 afin d’évoquer la saga Airport qui mettait en scène des catastrophes aériennes. Nous reviendrons dans cet article plus précisément sur le troisième volet Les Naufragés du 747 dont le titre américain est Airport '77 .
Le premier Airport lança en 1970 la mode des films catastrophes qui envahirent peu à peu les écrans américains. Pour comprendre le succès de ce genre aux USA, il faut prendre en compte la situation des majors à l’époque. Le "Nouvel Hollywood"  commençait à s’imposer aux USA après les succès retentissants d' Easy Rider ou MASH. Une nouvelle génération de cinéastes (ScorseseFrancis Ford Coppola ou Altman ...) arrivait ainsi pour l'une des premières fois à Hollywood à faire accepter ses exigences artistiques à des studios jusqu’alors tout puissants qui avaient pendant 50 ans littéralement possédé les acteurs et les réalisateurs par le biais de contrats d’exclusivité.
Le cinéma catastrophe c’est avant tout le retour à un cinéma hollywoodien formaté par les studios et conçu par des producteurs tout puissants comme Irwin Allen (L'Aventure Du Poseidon , La Tour infernale ) où le réalisateur est un simple exécutant mettant en scène de nombreuses stars des temps passés, a priori plus conciliantes que la nouvelle génération.

Dans les films catastrophe ("disaster movie" en anglais), les USA se sentent en danger. Le bourbier vietnamien a sans doute joué sur l’inconscient d’un pays qui craignait à tout moment d’être attaqué sans avoir les moyens de répondre. Ce genre de films met ainsi en scène des personnages pris au piège dans un univers familier qui va être remis en cause par une menace parfois intérieure, mais le plus souvent extérieure (terrorisme, iceberg…). Les disaster movie mettent en exergue les relations humaines qui se tissent entre différents personnages au cours de son récit. Au final, les protagonistes qui survivent sont ceux qui ont souvent fait preuve de solidarité pour faire face au danger.  On notera que les porteurs d’uniformes qu’ils soient militaires, pilotes d’avion ou pompiers sont mis en valeur dans un genre où les fumeurs de joints sont rarement les sauveurs de l’humanité. Les producteurs avaient en effet pris conscience que c’était un public jeune et à gauche qui se rendait alors dans les cinémas pour aller voir Easy Rider . Il espérait avec le film catastrophe faire revenir en salles une population plus âgée et conservatrice qui commençait à préférer les séries bien-pensantes de la télévision américaine.

Enfin, le genre annonce tout simplement la politique des studios américains en matière de blockbusters. En effet, ces films ont recours à des effets spéciaux spectaculaires censés donner envie aux spectateurs d’aller voir l'oeuvre en salles. On a souvent reproché à Steven Spielberg et George Lucas d’avoir initié le blockbuster moderne avec Les Dents de la mer et Star Wars. Pour autant ce sont bien les films catastrophe avec leurs légions de stars et leurs scènes de destruction massive qui ont été les précurseurs des longs-métrages à gros budgets d’Hollywood qui envahiront nos écrans à l’aube des années 80.

Les Naufragés du 747 fait suite à Airport (même titre en anglais et français) et à 747 en péril (Airport 1975). Ce long-métrage m’avait marqué marmot en raison de son pitch plutôt original pour le genre. L’avion ici va avoir une avarie et sombre dans l’eau. Nous avons donc le droit dans un même film à une aventure maritime style L'Aventure Du Poseidon ,  et à un long-métrage d’avion en détresse pour notre plus grand plaisir de cinéphile un brin déviant.

Les Naufragés du 747 met en scène Jack Lemmon dans le rôle d’un commandant de bord qui risque sa vie pour sauver ses passagers. Cet immense acteur s’avère aussi à l’aise dans ce rôle musclé que dans les comédies de Billy Wilder qui l’avaient popularisé à l’aube des années 60.  Une prestation réussie de la part de ce comédien qui au crépuscule de sa carrière s’orientera vers un cinéma plus indépendant, tournant devant la caméra d’auteurs reconnus tels qu’Ettore Scola ou Costa-Gavras. On retrouve à ses côtés des monstres sacrés du cinéma classique tels que Joseph Cotten comédien fétiche d'Orson Welles dans La Splendeur des Amberson et Citizen Kane , Olivia de Havilland la Mélanie d’ Autant en emporte le vent et James Stewart le héros de Sueurs froides . Enfin, le Dracula de la Hammer, Christopher Lee joue ici de son flegme britannique afin de supporter le comportement erratique de sa conjointe dans ce long-métrage.

Comme souvent dans ce genre de film, la production ne fait pas appel à un grand cinéaste, préférant s’appuyer sur le savoir-faire d’un honnête technicien. Ici c’est Jerry Jameson , un stakhanoviste de la télévision qui est engagé. Et franchement, il s’en sort plutôt avec les honneurs. Par rapport à un bon nombre de films mettant en scène une catastrophe aérienne, son long-métrage est celui-ci qui souffre le moins des affres du temps, surtout quand on le compare au quatrième volet de la série Airport (Airport 80 : Concorde ) avec Alain Delon  aux commandes d’un concorde. Une catastrophe industrielle avec des effets à peine digne d’une série z italienne de l’époque.

Les Naufragés du 747 a une sacrée allure avec un final plutôt impressionnant donnant à voir le renflouage d’un avion. Une séquence réalisée avec le soutien de la marine américaine. Franchement si on est amateur du genre, c'est un bon millésime car il est bien joué et filmé efficacement. Le long-métrage se laisse donc facilement regarder même si celui-ci n’innove pas et reprend la structure narrative du genre avec une (trop) longue exposition. Le réalisateur réussit tout de même à développer une forte tension avec cette carlingue de l'avion qui peut à tout moment exploser sous la pression de l’eau.

Un long-métrage pensé pour les aérodromophobes (personnes ayant peur de l’avion) qui vous fera passer un bon moment devant votre écran.

Mad Will