Barefoot sur E-Cinema.com : https://www.e-cinema.com/film/barefoot

Barefoot est une comédie romantique originale qui met en scène, pour une fois dans le genre, les moutons noirs de la société. Ainsi, le personnage masculin n’est pas un "golden boy" propre sur lui, mais un amateur de boîtes à stripteases et un joueur invétéré venu chercher du fric à sa riche famille qui le considère comme le raté. Quant à la jeune femme qui l’accompagne, il l’a rencontrée à l’hôpital  psychiatrique où elle a été admise pour des troubles psychologiques suite à une vie passée enfermée avec sa mère malade psychique. Ce qui est rafraîchissant ici c’est que nos jeunes amoureux ne sont pas les portes-drapeaux d’une Armérique ultracapitaliste, à la différence d’un long-métrage comme Pretty Woman .

Il est à noter que Barefoot est le remake d’un film allemand Barfuss réalisé et interprété par Til Schweiger. Si la version américaine est plus politiquement correcte que son modèle germanique et supprime certains éléments du scénario comme la tentative de suicide de l’héroïne, on retrouve quand même dans les deux films un discours commun contre notre société et ses conventions. En effet, Barefoot égratigne une certaine bourgeoisie où seule compte la réussite, et condamne une tendance de la psychiatrie à cloîtrer tous ceux qui sortent de la norme.

À la réalisation, Andrew Fleming assure. Sa mise en scène est ultra dynamique, ses cadres sont soignés et ses élégants mouvements de caméra donnent de l’ampleur à l’ensemble. Sa direction d’acteurs est également impeccable tant pour les premiers que les seconds rôles. La comédie romantique nécessite une excellente interprétation pour nous faire croire aux sentiments qui naissent entre deux personnages. En jeune fille instable, Evan Rachel Wood, vue aussi bien chez Woody Allen (Whatever Works) que dans la série Westword, joue juste, tandis que l’acteur Scott Speedman montre que ses talents de comédien ne se limitent pas à son torse musclé et ses rôles de loup-garou dans les Underworld . Andrew Fleming est vraiment un bon directeur d’acteurs, j’en veux pour preuve que le comédien Treat Williams , dans le rôle d'un père conservateur, nous offre pour une fois, et c’est un exploit, une interprétation toute en retenue.

À noter que le cinéaste Andrew Fleming n’est pas un inconnu pour le cinéphile qui a été adolescent dans les années 90. En effet, ce cinéaste avait commencé à se faire un nom en moins de deux ans avec son film de sorcières Dangereuse Alliance et Deux garçons, une fille, trois possibilités. Deux oeuvres où le réalisateur, en plus de rencontrer son public, nous avait offert un discours sur la jeunesse pas forcément idiot. Il avait ensuite disparu comme tant d’autres après des déconvenues au box-office. Malheureusement pour lui, Barefoot est un retour au cinéma qui jusquà aujourd'hui est resté temporaire. Depuis la sortie du film en 2014, il travaille exclusivement pour la télé, signant des épisodes, entre autres pour Emily in Paris, la série gnangnan de Netflix. Tout comme un Vincenzo Natali (Cube ), il fait partie de ces réalisateurs ayant commencé à se faire un petit nom sur grand écran avant de devenir un homme à tout faire à la télévision.

Barefoot est dans la lignée de ses premiers et meilleurs films où il arrivait à concilier les exigences des studios en matière d'efficacité et un discours sociétal. Le caractère asocial de ses héros apporte vraiment quelque chose de frais au genre sentimental. Une oeuvre sympathique que je vous invite à découvrir sur E-Cinema.com !

Mad Will