Peninsula devait être l'un des chocs cinématographiques de l'année. Attendu de pied ferme par la critique et de nombreux fans de fantastique, le film devait prendre la suite de l’excellent Dernier Train pour Busan , l’un des plus réjouissants longs-métrages de zombies de ces dernières années. La sortie de Peninsula est d'autant plus importante que le COVID a mis à mal les salles françaises qui attendent un champion capable de relancer le box-office. Soyons francs, Peninsula n’est pas le désastre annoncé par la critique après son avant-première à Deauville. En effet, ce long-métrage s’avère au final une sympathique série B avec de bonnes idées, même si Peninsula n’est clairement pas au niveau du premier film. Si Busan maniait avec une rare aisance l’intime et le spectaculaire, tout en nous offrant une réflexion sur le libéralisme plutôt bien vue, sa suite a plus à voir avec les bis italiens comme L’avion de l’apocalypse d’Umberto Lenzi qu’avec La Nuit des morts-vivants ou le Zombie de Romero .

Alors que Busan était un film de zombies, sa suite prend son inspiration non dans le cinéma fantastique, mais plutôt dans la science-fiction. En effet, Peninsula est un long-métrage post-apocalyptique qui dépeint la vie après une catastrophe ayant détruit la civilisation. On retrouve ainsi les véhicules customisés à la Mad Max tandis que Séoul est devenue une métropole échappant à tout contrôle comme dans le New York 1997 de John Carpenter . Le héros Jung-seok est un ancien militaire qui a survécu à la pandémie et vit à présent Hong Kong. Il doit cependant repartir en Corée avec d’autres de ses compatriotes pour le compte de mafieux hongkongais, afin de récupérer un camion rempli d’argent abandonné au moment même où le pays était touché par la pandémie. Arrivé sur place, rien ne se passe comme prévu et ses compagnons se font tuer. Il finira par se lier avec une famille de survivants tout en devant faire face à des militaires un brin psychotiques dans une ville où rodent des escouades de zombies.

Le point positif concernant Peninsula , c'est sa générosité en matière d’actions. En, effet, le film ne lésine pas sur les flingues et la toile froissée. Si Peninsula s’inspire de Mad Max : Fury Road pour ses scènes en automobile, on regrettera que le numérique ait contaminé la suite de Busan où tout semble factice par rapport au chef-d'oeuvre de George Miller . Soyons franc, Peninsula est à la ramasse question effets digitaux, on se dirait revenu au premier Gran Turismo sur PlayStation 1. Le comportement des véhicules semble ainsi totalement factice. On a l’impression que les voitures volent sur la route, et les collisions sont le plus souvent mal rendues. Quant aux hordes de zombies qui ne jouent pas un rôle essentiel du point de vue dramatique, ils agissent à la manière des personnages non-joueurs d’un mauvais jeu vidéo, se déplaçant de façon aléatoire, selon le bon vouloir d’une intelligence artificielle pas forcément au top dans Peninsula . Le réalisateur semble ici avoir privilégié le numérique aux effets réalisés directement sur le plateau. Malheureusement à l’écran, les décors sont génériques et semblent tout droit sortis des téléfilms produits à la chaine et sans âme par le câble américain.

À la différence de Busan et de son précédent long-métrage Psychokinesis , Yeon Sang-ho semble ici ne pas savoir s’il fait un film live ou d’animation comme dans ses premiers essais cinématographiques. Surchargeant son image d’éléments numériques, son long-métrage finit par ressembler à un cartoon où les comédiens n’ont pas grand-chose à défendre.

À la différence de Busan , les situations dramatiques censées faire pleurer dans les chaumières tombent ici à plat faute d’avoir un discours à porter. Alors que Yeon Sang-ho s’était fait connaître pour ses discours engagés, il n’a rien ici à dire à l’exception de quelques banalités amenées de façon assez maladroite à l’écran. Le principal problème de Peninsula vient du fait que son réalisateur enivré par le succès de Busan , a voulu à tout prix produire un blockbuster mondialisé sans avoir d’idées, ni même le budget. Busan , était original, car il évoquait en filigrane la société coréenne et mettait en cause une organisation sociale fonctionnant par castes et corrompue par le libéralisme en Asie. Sa suite est devenue un blockbuster comme les autres. Sur ce point, Peninsula est efficace, fun, et compte quelques séquences plutôt jolies lorsque les personnages usent de fusées éclairantes.

Au final, un petit film sympathique qui vous fera passer un agréable moment. Mais sincèrement, Peninsula ressemble plus aux films sans saveur de Paul W. S. Anderson comme Resident Evil , qu’au jouissif long-métrage de zombies découvert il y a 4 ans et qui se passait dans le TGV coréen. À voir en connaissance de cause si vous êtes fan du premier film !

Mad Will