Suite à de menus larcins qui lui permettent de survivre dans la capitale italienne, Daphné (Daphne Scoccia) purge une peine de prison d’un an dans un centre fermé pour mineurs. Malgré la stricte séparation des sexes qui a cours dans l’établissement, elle tisse des liens, à travers les barreaux, avec Josh (Josciua Algeri), jeune homme longiligne au doux sourire. Trompant la vigilance de leurs surveillants, les deux adolescents s’échangent des lettres par lesquelles ils s’attachent l’un à l’autre. Se pose alors la question de l’éventuelle pérennité de leur histoire d’amour hors les murs…

Troisième long-métrage du réalisateur du multi-primé Ali a les yeux bleus, Fiore est un film totalement maîtrisé. Bien que la caméra, adoptant le point de vue de l’héroïne, soit presque constamment en mouvement, son placement n’est jamais aléatoire, et l’image, loin d’être chaotique, est toujours soigneusement composée. Même si son film ne raconte « qu’ » une histoire d’amour, Claudio Giovannesi arrive à nous tenir en haleine pendant près de deux heures, en grande partie grâce à la justesse de son casting. Il réunit en effet la débutante Daphne Scoccia, troublante de naturel, magnétisante de fureur butée, qui porte le film sur son visage lumineux et limpide, et l’acteur fétiche de l’actuel cinéma d’auteur italien Valerio Mastandrea, dont le minimalisme habituel sied parfaitement au père pudique de l’héroïne. Enfin, pour incarner les codétenu-e-s de Daphné, le réalisateur romain a convoqué des adolescent-e-s ayant réellement fait l’expérience de la prison. Ce choix participe au réalisme surprenant de sa reconstitution du milieu carcéral, qui nous offre une immersion saisissante.

F.L.